Rester vigilant face au harcèlement scolaire

Le 10 novembre, c’était la Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. Votre enfant est victime ? Deux numéros à composer impérativement : 3018 et 3020. Le gouvernement a déployé une politique de prévention importante depuis une dizaine d’années pour lutter contre une problématique nationale, le cyber-harcèlement et le harcèlement scolaire. En Guadeloupe, le Rectorat assure sa surveillance.

Chaque appel ou alerte de suspicion d’harcèlement scolaire reçu au niveau national est tout de suite transmis au Rectorat de Guadeloupe qui s’attache de traiter avec sérieux toute interrogation ou questionnement de la part d’élèves ou de familles. «Nous sommes le référent dans la prise en charge et nous établissons ensuite un lien avec les directeurs d’établissements scolaires concernés» explique Valérie Aricique, co-référente académique de la prévention et de la lutte contre le harcèlement scolaire au sein du Rectorat de Guadeloupe.
LE DISPOSITIF PHARE
Depuis la rentrée scolaire 2022, un dispositif, complémentaire aux numéros d’urgences et construit par des experts du milieu scolaire, a été déployé dans une vingtaine de collèges et lycées de Guade-loupe. «pHARe (prévenir le harcèlement scolaire et agir avec respect) est un programme de prévention testé entre 2017 et 2021 dans des établissements tests de l’Hexagone. A travers la mise en place d’actions et initiatives éducatives, il a permis d’agir fortement contre le harcèlement scolaire

. Les résultats probants ont incité le gouvernement à élargir son application et, désormais, tous les établissements peuvent encourager à intégrer ce dispositif». Dès lors, chaque académie peut s’inscrire à pHARe via une plateforme digitale et signe une charte d’engagement qui s’étale sur deux ans. Une belle nouvelle dans la lutte de ce fléau qui touche de plus en plus de jeunes.
UNE FORMATION POUR TOUS
Selon le ministère de l''Éducation nationale, quatre élèves sur dix en primaire estiment avoir été des victimes. «Pour être capable d’avoir un impact fort il est nécessaire de développer une stratégie systémique, c’est-à-dire qui puisse toucher tous les acteurs de la vie scolaire». Il s’agira d’abord de former le personnel au repérage et à la prise en charge d’enfants en situation de harcèlement scolaire. «Le Rectorat s’implique à former une équipe ressource, nommée communauté protectrice, et composée de cinq personnes de l’établissement. Ils auront pour rôle de veiller au bien-être quotidien des enfants, d’identifier les situations à risque et de mettre rapidement en place un protocole d’encadrement. Le but est de faire preuve d’une plus grande vigilance. De plus, les enfants sont eux aussi mis dans la boucle. Nous dispensons, à toutes les classes, une formation de dix heures sur les questions de harcèlement scolaire et d’égalité filles-garçons. Par la suite, dix d’entre eux deviendront des élèves ambassadeurs et auront à coeur d’aider leurs camarades. D’autres participeront à la réalisation d’un projet artistique de sensibilisation».
Mais, la lutte contre le harcèlement scolaire n’est efficace que si elle est commune. «Les parents ont également un rôle à jouer. Nous les convions à des ateliers pour leur expliquer les conséquences d’actes qui leur paraissent parfois anodins. Par exemple, un élève qui partage une photo d’un autre élève sur les réseaux sociaux sans son consentement est une atteinte à son intimité et, ça, les parents ne le savent pas... Ils n’ont pas conscience de la définition du mot harcèlement. Il est donc urgent de relever le niveau d’information».
UN DÉLIT DEVENU PÉNAL
L’impact du numérique et des réseaux sociaux a pleinement modifié la vie des adolescents. «Les jeunes ont toujours eu l’habitude de se taquiner, notamment au collège, et les moqueries ne sont pas nouvelles, mais les limites sont, elles devenues, plus floues. Elles ne s’arrêtent plus à la cour de récré et sont devenues plus agressives» ajoute Valérie Aricique. Aujourd’hui, le harcèlement scolaire est considéré comme un délit pénal et peut amener à des sanctions sévères. «Nous avons le devoir de signaler des comportements inappropriés au procureur de la République. Ce n’est, bien sûr, pas notre volonté première. Nous tentons toujours de répondre à l’échelle éducative et par le biais de réponses immédiates (éviction de l’auteur, changement d’établissement pour la victime) car il est essentiel de ne pas mélanger tous les sentiments. Les équipes pédagogiques sont là pour répondre par la prévention, la discussion, la prévention et l’écoute».