Mayotte : «Des jeunes qui attaquent, qui tuent, qui pillent !»

Dure réalité exprimée sans aucun sentiment de culpabilité par le ministre de l’Intérieur, Gérard Darmanin, sur Mayotte la 1ère, le 22 août 2022, lors de son passage à Mayotte, et que confirment tous les observateurs de la situation de cette île française de l’océan Indien.

Comment en est-on arrivé là ? Se demande-t-on. Pour faire simple, on pourrait tout simplement avancer que, c’est effectivement ce que le philosophe américain Bruce Gilley et tous les afficionados du colonialisme appellent : «les bienfaits du colonialisme». Jugez-en !
Mayotte est un petit archipel volcanique de 374 km², dans l’océan Indien, à mi-chemin entre Madagas-car et l''Afrique. C’est l’une des quatre principales îles constituant l’archipel des Comores. Le 25 avril 1841, elle est cédée à la France avec toutes ses richesses d’espace maritime, d’espaces naturels et de biodiversité, que lui permet son climat tropical et devient un protectorat français, puis une colonie française après l’abolition de l’esclavage en 1846.
UNE ÉVOLUTION INSTITUTIONNELLE, OCCULTANT
UN DÉVELOPPEMENT
La loi du 25 juillet 1912 la rattache à la colonie française de Madagascar. En 1946, l''archipel des Comores obtient le statut de Territoire d''Outre-mer. Le référendum, sous la mandature du Président de la République Valéry Giscard d’Estaing, à propos de l''indépendance des îles des Comores, en décembre 1974, se solde par le souhait de Mayotte de rester au sein de la République française. La Cham-bre des députés des Comores proclame l’indépendance des Comores le 06 juillet 1975. Une nouvelle consultation, en février 1976, plébiscite à 99,4% le désir des Mahorais de rester dans l’ensemble français. Par la loi du 24 décembre 1976, Mayotte obtient un statut provisoire de Collectivité Territoriale de la République. Un sentiment de spoliation est vécu par les Comoriens.
A la suite de différentes lois réformant les institutions et la Constitu-tion de la République française et une autre consultation, la loi organique n° 2009-969 du 3 août 2009 stipule dans son article 63 que, la Collectivité départementale de Mayotte prend le nom de «Dépar-tement de Mayotte», ce qui devient effectif le 31 mars 2011.
Malheureusement, onze ans après, le peuple mahorais est confronté à tous les fléaux sociétaux que l’on pourrait imaginer et qui s’amplifient au fil des jours, «sans foi, ni loi», mettant en exergue, une fois de plus, ce que certains osent appeler, avec un certain cynisme : «les bienfaits de la colonisation».
Pour ne citer que quelques-uns de ces fléaux qui lui permettent de remporter la palme du «Départe-ment le plus violent et le plus jeune de France», donc, l’un des plus dangereux : le chômage, les bidonvilles, la délinquance, la pauvreté, la drogue, la criminalité, l’immigration clandestine, 50% de la population n’étant pas Mahorais. Une population aux abois, vivant dans la terreur, prête à se révolter pour se faire justice. Et évidemment, aucune volonté de la République comorienne d’éviter cette migration massive vers Mayotte, s’estimant spoliée.
C’est dire que les Mahorais ne vivent pas sur la «Terre promise», mais sur un «Eldorado» qui s''est vite transformé en cauchemar pour ses habitants.
Samira lycéenne de terminale ES : «… Des garçons sont rentrés dans l''établissement avec des coupe-coupe, des machettes, des couteaux et ils ont commencé à tabasser tout le monde… On joue notre vie quand on va au lycée».
Mariama Mdjassiri, gréviste de Pôle emploi, sur un barrage pour dénoncer la situation d’insécurité : «C''est la guerre civile ici à Mayotte. Il faut que le Premier ministre, vienne à Mayotte pour constater ce qui se passe, ou bien Macron lui-même !».
Des habitants regroupés en milice qui ont arrêté 4 jeunes : «On les a arrêtés, on les a fouillés, on a trouvé tout ça dans leurs sacs», en brandissant des coupe-coupe et un couteau suisse. «A chaque fois, quand on arrive à les attraper, on appelle la gendarmerie, qui dit que c''est des mineurs et les relâche !».
Saïd, orphelin de mère depuis l’âge de 3 ans et abandonné par son père : «De temps en temps je passe chez moi. Mon père me voit, ça le soulage de voir que je suis encore en vie. Mais en vrai, je vis dehors, dans la rue. Ensuite, on reste là, galère, galère, arracher un téléphone, un sac ou dégrader des voitures ou les caillasser pour avoir de l''argent».
Tel est le tableau qu’offre au monde, après près de deux siècles de colonisation, la 5e puissance économique de la planète, alors que des milliards d’Euros disparaissent dans des conflits internationaux qui tentent de se régler par les armes de toutes natures, alors que des humains affamés, sans abris, sans travail, aspirent à la dignité humaine. Et personne ne peut nier que Mayotte ne fait pas exception pour un tel bénéfice des «bienfaits de la colonisation». Quand se terminera donc le calvaire des Mahorais ?