Pour un syndicalisme de classe

Beaucoup d'interroga- tions se posent sur la nature et le rôle du syndicalisme d'aujourd'hui dans le pa ys.

D es débats sont organi- sés, ça et là, autour de la question sociale, son orientation et ses perspecti- ves. Où va donc le syndicalis- me aujourd'hui ? Il est vrai que l'exploitation a changé dans sa méthode. La société guadeloupéenne a subi des mutations profondes. D'une société de production agricole et d'agro transforma - tion elle est devenue une société de consommation de produits importés de la France ou de l'Europe, pays colonisa- teurs. Tout cela a entrainé des changements profonds dans le monde du travail, malgré l'immigration, une explosion du chômage, avec un marché du travail à la merci du capital local et étranger en Guadeloupe. Certains ont poussé le bouchon jusqu'à dire que la lutte des classes était terminée. C'était méconnaître le mécanisme de l'ex - ploitation capitaliste. En Guadeloupe s'est installé un capitalisme d'Etat impérial, qui contrôle toutes les sphères de l'Etat. C'est un capitalisme de domination dont le seul but est de faire du profit sur le dos des travailleurs et du peu- ple guadeloupéen. La mondialisation capitaliste a engendré un capitalisme débri - dé, sans foi ni lois. Elle soumet les Etats capitalistes à son diktat, générateur des crises successives. Celles-ci n'ont pas épargné laGuadeloupe. Dès lors, les travailleurs se sont donnés des structures d'organisation pour mener la lutte contre les appétits des patrons capitalis - tes et répondre à leurs préoccu- pations immédiates en matière de salaires et autres conditions de vie. Ils savent, qu'encore plus en Guadeloupe, leurs intérêts sont opposés à ceux des capitalistes, de l'impérialisme dominateur. Les revendications des salariés dans notre société sont sans cesse remises en cause. Les lois coloniales ne les garantissent pas ou ne sont pas respectées, l'Etat étant au service du grand capital. Le syndicalisme de lutte de classe doit prendre toute sa place pour porter et faire aboutir durable- ment les revendications des sala- riés. Pour cela, il doit combattre toutes les facettes du capi - talisme et, en premier lieu, son caractère impérialiste sur le sol guadeloupéen. Nous assistons depuis quelque temps à une lutte syndicale pour le droit et rien que le droit. Pourtant, la loi qui génère le droit, est fortement empreinte du sceau du capital dominateur même si elle est modulée par la lutte politique des travailleurs qui n'ont pas le pouvoir de décision. Le droit, en pays colonisé, est celui du l'impérialisme du pays dominateur, qui ne répond pas nécessairement aux réalités de la Nation dominée.

LE SYNDICALISME DE CLASSE DOIT POUVOIR RÉPONDRE AUX PRÉOCCUPATIONS DES TRA- VAILLEURS EN GUADELOUPE

En clair, la situation économique, sociale de la Guadeloupe, pays en voie de développement, avec un chômage exponentiel, n'est pas celle de la France, pays capitaliste développé. C'est un leurre que de vouloir appliquer ou assi - miler les textes et règlements d'un pays capitaliste aux réalités de la Guadeloupe. Depuis plus 50 ans, nous avons démontré que cette pratique a échoué. Le syndicalisme de classe doit pouvoir répondre aux préoccupations des travailleurs en Guadeloupe, indépendamment de toute influence du capital colonial impérialiste et de ses lois. Il doit élaborer sa plate forme revendicative et développer sa stratégie, en phase avec les réalités sociales, économiques, de laGuadeloupe. Il doit bannir tout conservatisme colonial qui nuit à l'unité d'action des travailleurs et qui a toujours favorisé la division au profit du colonialisme, de la pwofitasyon. L'exemple le plus flagrant qui divise et provoque souvent des luttes sectorielles est la question des salaires en Guadeloupe. Il existe en effet, un salaire pour les fonctionnaires, un autre salaire pour les assimilés fonctionnaires, d'autres salaires pour les salariés des entreprises privées. Cette disparité est évidemment le résultat de longues luttes pour l'obtention des 40% de vie chère pour les fonctionnaires, Un combat fort légitime, puisqu'il a été démontré maintes fois la cherté de la vie en Guadeloupe. Mais c'est aussi une réalité enco - re plus juste que la vie est aussi chère pour les travailleurs du privé qui n'ont pas les 40% et qui achètent les mêmes biens deconsommation. Le syndicalisme de classe doit mobiliser tous les travailleurs, fonctionnaires et privés, autour d'un salaire unique correspondant à la réalité de la vie en Guadeloupe. Il doit en être de même pour toutes les revendications L'expérience des luttes passées et présentes nous montre que le droit a toujours été bafoué ou contourné dans la société colo- niale, le Pouvoir politique et judiciaire étant aux ordres. C'est pourquoi qu'au sein de leurs syndicats, les travailleurs doivent surtout poser la question de la prise du Pouvoir. Le syndicat de classe doit poser les revendications en termes d'éradication de toute société faisant obstacle à la satisfaction durable et à des conditions de vie meilleures. S'il appartient aux organisations politiques de lutte de classes de proposer l'alternative politique en Guadeloupe, le syndicat de lutte de classe doit, au travers des revendications, lutter , sans concession, contre la politique impérialiste de domination.