Noël 2022 en Guadeloupe

En cette fin du mois de décembre 2022, nos compatriotes qui ont une propension très poussée pour les manifestations festives, rivalisent d’initiatives.

Aux quatre coins du pays, en effet, ils perpétuent une tradition bien de chez nous, la fête de Noël, avec en prime, nos exceptionnels «chanté nwèl». Cet engouement manifeste prouve, qu’ils veulent délibérément tourner le dos aux années précédentes durant lesquelles ils n’ont pas pu festoyer à leur guise, la crise du covid-19 ayant pris le pas sur toutes les actions populaires en la matière.
D’où vient cette fête et quelle est sa signification en réalité ? Il n’est point question pour nous de revenir sur l’aspect chrétien ou religieux de cette commémoration. D’autres sont désignés pour cela et le feront bien évidemment mieux que nous.
Néanmoins, on ne peut faire l’impasse sur la date du 25 décembre, sur laquelle incontestablement il y a divergence, quant à l’apparition de la nativité, selon où l’on se situe. Sans remonter aux origines, il a été convenu majoritairement par convention, avec l’essor du catholicisme, que le 25 décembre serait la date retenue pour célébrer Noël.
Dans tout l’hémisphère occidental, la Guadeloupe et son environnement y compris, la période de Noël annonce des concepts bien précis et un rythme de vie faisant ressortir les us et coutumes, qui ne laissent personne indifférente. En fonction des régions et à des degrés divers, Noël est considérée comme étant la fête de la famille. C’est la joie, c’est la solidarité, c’est le partage, c’est la période des cadeaux, c’est l’illumination des foyers et des bâtiments publics, c’est la fête de la lumière.
Chaque municipalité, chaque groupe politique organise son «chanté Nwèl» avec des orchestres, ou des groupes musicaux, chacun allant de son combo pour rivaliser en chorégraphie, en tenue et en chanson de circonstance.
Des marchés de Noël sont tenus un peu partout pour permettre aux agriculteurs, aux maraîchers, aux artisans, aux agro transformateurs, d’écouler leurs produits. Le menu traditionnel est toujours de rigueur, avec les ignames, le pois de bois, la viande de porc, le jambon de Noël, le sirop de groseilles, le schrub et bien sûr le rhum, à consommer avec modération. C’est le moment où l’on s’enivre le plus : on boit, on mange à satiété.
La société de consommation est à l’oeuvre et elle ne s’écarte jamais de son objectif. Consommer même si tu n’as pas envie, même si tu n’en as pas besoin. Certes, c’est l’essence même du système capitaliste de faire des profits et de pousser à la consommation excessive le consommateur par toutes sortes d’artifices publicitaires ou d’images subliminales.
Un sursaut de conscience par ces temps de crise aurait pu pousser nos compatriotes à la raison. Peine perdue, tous les centres commerciaux réalisent leurs meilleurs chiffres d’affaires à cette période. Noël est devenue une véritable fête commerciale, reléguant au second plan l’aspect religieux pour les plus pieux qui subsistent encore.
Autour de Noël, il existe un véritable créneau à développer pour asseoir une production endogène et ainsi tendre vers l’autonomie alimentaire dont nous rêvons tous. Cela peut être le cas notamment pour nos mandarines décimées par la maladie, nos pois d’angole aux mille vertus, qui sont de plus en plus rares sur les étals, de même que nos ignames qui sont remplacées par des variétés venues de l’extérieur et dont on n’a pas l’assurance qu’elles sont plantées et cultivées avec les mêmes garanties sanitaires que les nôtres.
Noël 2022 c’est déjà demain. Vivons-la pleinement et soyons de plus en plus vigilants sur nos routes ! «Si ou pran lagout pa pran larout» !