Chlordécone : «Connaître pour agir»
Dans le cadre du plan chlordécone IV, les préfets et les directeurs généraux des Agences régionales de santé (ARS) de Guadeloupe et de Martinique ont organisé les «Rencontres chlordécone 2022», du 12 au 16 décembre à Gosier en Guadeloupe, sur le thème «Connaître pour agir» avec des partenaires locaux notamment la Certification de sécurité de premier niveau CPSN et la CloReCa.
L’objectif de cette rencontre, c’était de faire le point sur l’avancée des connaissances et perspectives scientifiques et leur application sur le terrain. A cette rencontre, 260 personnes s’étaient inscrites dont 70% du domaine de la recherche.
Pour être édifiés sur les travaux de cette rencontre scientifique, nous avons interrogé M. Guido Richen, expert à l’Agence européenne de sécurité des aliments et président du comité de pilotage scientifique national.
Pourquoi avoir organisé une telle rencontre en Guadeloupe ?
Guido Richen : Cette rencontre fait partie du plan national chlordécone. C’est une des mesures de ce plan, sachant qu’il y aura un autre colloque en quelques années. L’idée, c’est de faire le point sur les connaissances d’aujourd’hui sur la chlordécone, le devenir de l’environnement en termes d’exposition des populations et en termes d’impact sur la santé.
Alors quel bilan faites-vous de cette rencontre ?
C’est un colloque scientifique, mais pas que, car il a également rassemblé des enseignants, et des observateurs
. Ce colloque a été organisé autour de 3 sessions : Une session sur l’exposition avec une logique : « Qu’est-ce qu’on sait pour réduire l’exposition des populations ?»
Une deuxième session autour des Sciences humaines et sociales dans le cadre de la co-construction d’actions publiques. La troisième session, c’est sur la durabilité des filières et des territoires.
Il y a eu en tout 70 communications dont 30 orales et 40 sous formes de «posters corners». Ce sont des moments de rencontres autour de posters scientifiques relatifs à une quarantaine de projets de recher-che passés ou en cours. En plus de ces sessions, il y a eu une table ronde sur la chlordéconémie.
Ensuite il y a eu 4 ateliers sur :
1 atelier sur la remédiation. En gros, c’est de savoir comment on peut remédier au problème chlordécone.
1 table ronde sur l’observatoire ovale, la zone atelier.
1 table ronde sur la gestion des données chlordécones.
1 table ronde sur l’expo-zone.
Il y a eu vraiment un tour d’horizon complet des connaissances sur la chlordécone avec de vraies pistes. Par exemple, il faut savoir qu’un individu qui a été exposé à la chlordécone, son organisme va excréter cette chlordécone qui disparait de l’organisme.
Combien de temps faut-il pour qu’un individu soit décontaminé ?
Le temps de la demi-vie, c’est-à-dire, le temps nécessaire à une substance pour disparaître à 50%. Pour la chlordécone c’est de l’ordre de 130 jours. L’organisme humain élimine naturellement la chlordécone.
On a vu aussi qu’aujourd’hui, pour un animal contaminé, on peut prédire sa durée de décontamination. A l’issue des 3 jours de rencontre, nous avions des journées d’information avec les professionnels des filières animales.
Ensuite, il y a eu un appel à projet. Les 4 projets qui concernent la remédiation ont été retenus. Aujourd’hui, il y a plusieurs pistes. Il y a la remédiation chimique, la remédiation microbiologique. Tout cela, ce sont des travaux qui auront lieu. On a les premiers résultats qui sont très intéressants au niveau du laboratoire. Maintenant, petit-à-petit, il faut passer à la phase terrain.
Nous avons bon espoir que nos sols seront dépollués ?
Il faut savoir aussi, qu’au niveau du sol, petit-à-petit, la chlordécone se dégrade également. En fait, la chlordécone est remplie d’atomes de chlore, petit-à-petit, elle va perdre ses atomes de chlore et c’est cela le processus de remédiation en réalité.
La conviction qu’on peut avoir sur le colloque, c’est qu’il faut conjuguer les voies de remédiation, les unes aux autres et travailler en synergie sur des parcelles contaminées pour démontrer la faisabilité de la combinaison d’approche.