Une classe de théâtre destinée aux Outre-mer

A Saint-Priest-Taurion, au coeur du Limousin, se trouve l''École supérieure de théâtre de l''Union (ESTU). Celle-ci fait partie des 13 écoles supérieures d''art dramatique habilitées par le Ministère de la Culture à délivrer le DNSPC (Diplôme National Supérieur Pro-fessionnel de Comédien). En quoi cette information concerne-t-elle le territoire de la Guadeloupe ? En 2019, la direction de l’établissement a initié un programme nommé «Plate forme pour la formation à l''art dramatique dédiée aux Outre-mer» dédié à sélectionner des futurs comédiens directement dans les Outre-mer et soutenu par la Ministère de la culture et la Région Aquitaine. «Nous avons un attachement très fort avec ces territoires et il nous semblait important de les intégrer de notre processus de recrutement» confie Héloïse Belloir, chargée de mission.
Mise en place de stages et concours
Ainsi, cette année, pour la seconde fois, l’école s’est déplacée dans sept départements (Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, Guyane, Gua-deloupe, La Réunion, Polynésie Française, Nouvelle-Calédonie) pour aller à la rencontre de jeunes passionnés de théâtre

. «Nous avons lancé le projet en 2019 après un constat assez simple et clair quant à la sous-représentativité des ultramarins dans le paysage théâtral français. Nous voulions réellement faire bouger les choses et, quoi de mieux que d’aller au devant de ces frontières géographiques. La crise sanitaire a ralenti l’avancée de ce projet mais nous avons pu accueillir une nouvelle promotion cette année». En effet, l’équipe pédagogique met en place divers rendez-vous dans les territoires pour faire découvrir le théâtre à tous et, également, échanger avec des élèves intéressés par cette voie. «Dans certains territoires, l’accès à la culture est parfois limité et les débouchés vers des milieux aussi fermés que le théâtre sont moindres. Nous leur offrons l’opportunité de s’ouvrir à un univers inédit».
Trois fois par an, l’équipe de l’ESTU organise des stages et ateliers ouverts à tous. «En partenariat avec des intervenants locaux, conservatoires, Rectorat et associations, nous développons trois stages d’interprétation (aux vacances de la Toussaint, février et Pâques) durant cinq jours qui permettent aux jeunes d’acquérir des notions pédagogiques de dramaturgie. Nous leur présentons aussi, par ce biais, notre école et nos cursus et, surtout, nous leur donnons quelques clés pour préparer le concours d’entrée en formation». A l’issue du dernier stage, un concours est ouvert pour intégrer la formation à l’ESTU dédiée à l’Outre-mer. «Nous avons une capacité d’accueil de 10 jeunes, entre 18 et 23 ans, que nous accompagnons dans toutes les étapes de sélection jusqu’à l’entrée en classe. Nous sommes toujours ravis d’aller à la rencontre de talents qui ne demandent qu’à éclore !».
UNE ANNÉE DE FORMATION
ET D’IMPLICATION
Les 10 lauréats du concours intègrent en septembre la classe préparatoire aux écoles nationales de théâtre. Durant un an, ils vont côtoyer des professionnels aguerris et internationaux, des tuteurs et une équipe pédagogique renforcée qui ont pour but de les remettre à niveau. «La formation théorique et pratique comprend des cours de culture générale, danse, acrobatie, travail corporel et vocal, mais aussi des travaux d’écriture. Nous sommes sensibles à intégrer des cours proches des cultures du monde, avec notamment de la danse polynésienne». La formation est complétée par l’accès à une programmation culturelle ouverte au Théâtre de l’Union. «Les étudiants d’Outre-mer n’ont pas forcément les mêmes références culturelles que les étudiants hexagonaux. Nous sommes allés voir la pièce de Molière, Tartuffe. Ils ne connaissaient pas et ils ont adoré. A travers cette année de formation, ils s’ouvrent à d’autres horizons et ils nous font aussi découvrir leur monde» ajoute Héloïse Belloir. «Nous sommes à l’écoute de leurs besoins d’expression et ils ont une pleine liberté dans leurs choix créatifs et leurs propositions en vue de la préparation au concours national». A l’issue de l’année scolaire, ils concourent pour intégrer l’une des écoles de prestige. «La première promotion a été exceptionnelle. Neuf élèves sur 10 ont décroché leur ticket d’entrée. Nous étions ravis pour eux ! C’est une belle satisfaction pour eux autant que pour nous !».
DES MODALITÉS ADAPTÉES
Il faut dire que l’Ecole supérieure de théâtre de l''Union ne fait pas les choses à moitié et s’investit corps et âme dans la bonne intégration des étudiants d’Outre-mer qui bénéficient d’une prise en charge complète et rassurante. «Nous sommes une petite structure, implantée en milieu rural, et nous connaissons très bien le choc culturel important que peut comporter un changement de vie entre les Outre-mer et l’Hexa-gone. C’est pour cela que nous faisons de notre mieux pour nous rendre disponible pour nos étudiants et les accueillir dans les meilleures conditions». Dès leur arrivée, ils sont logés dans des chambres sur le campus universitaire. «Tous deviennent voisins et, par la suite, copains, et nous leur mettons deux voitures à disposition pour se rendre à l’école. Nous leur offrons également un kit d’ustensiles de cuisine et un kit de linge de maison. Nous voulons qu’ils prennent leur aise et leurs marques pour être concentrés au plus vite sur leur objectif professionnel». De plus, pour encourager les jeunes étudiants d’Outre-mer à créer du lien social, ils peuvent passer un moment, une fois par mois, dans une famille d’accueil et échanger durant quelques heures. «Nous avons beaucoup de choses à apprendre de nos territoires ultramarins mais notre région Limousin a aussi son petit charme. Il y a une vraie connexion qui se crée entre tous les acteurs et qui se prolonge dans le temps». L’ETSU repartira sur les routes d’ici quelques semaines. Une opportunité à ne pas manquer.
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