Le continent africain vit-il un jeu de «poker menteur» ?
L’avenir le dira dans quelques années car, nous savons toutes les stratégies mises en oeuvre par l’Europe négrière pour spolier ce continent de ses richesses humaines et naturelles pendant plusieurs siècles.
Quels que soient leur mode et leur niveau d’implication dans ce domaine, toutes ces puissances sont au même degré, coupables de «crime contre l’humanité».
Certains de ces pays colonisés sont parvenus plus ou moins difficilement, à s’en sortir économiquement et surtout politiquement de cette emprise. C’est le cas du Sénégal, depuis l’indépendance en 1960, avec Léopold Sédar Sengor.
Beaucoup sont parvenus, au prix parfois d’assassinats malheureusement de héros opposants politiques, à mettre en place un régime démocratique, ou plus ou moins autoritaires. Plusieurs de ces chefs d’Etat n’ont pas su s’affranchir de la tutelle coloniale qui les a poussés ou encouragés à perpétrer des coups d’Etat orchestrés pour préserver des intérêts. Le monde n’oubliera pas, par exemple, ni le Marocain Mehdi Ben Barka, ni le Burkinabé Thomas Ankara.
UN MONDE EN BOULEVERSE : UN JEU DE «POKER MENTEUR»
Depuis 2014 et plus particulièrement depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février 2022, on peut affirmer que le monde est en bouleverse, du point de vue géopolitique et stratégique. Les relents esclavagistes ravivent incontestablement les appétits colonialistes et incitent des anciennes «mères patries» ainsi que d’autres pays émergents, à se positionner par des promesses d’échanges dits commerciaux et sécuritaires, qui ne se feront jamais par philanthropie ou angélisme des plus forts économiquement. D’ailleurs, aucun de ces pays africains n’ont pu obtenir réparation de leur bourreaux, tout au plus une «assistance intéressée». Faut-il par exemple rappeler que le «Franc CFA» continue à faire le bonheur de la France et que, plus que jamais, s’affirme la rivalité pour les ressources de ce continent. Il convient d’ajouter en effet que, selon la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), le continent abrite 84% des réserves mondiales de platine, 78% de diamants, 40% de chrome et 28% de manganèse. Des données qui permettent de comprendre le ballet aérien, hautement sécurisé, ici ou là, de chefs d’Etats, de gouvernements ou autres personnalités politiques d’Europe, d’Amérique, de Russie ou de Chine, d’une part, et d’Afrique d’autre part, pour tenter de convaincre d’un parti pris, par un jeu de «poker menteur».
LA JEUNESSE AFRICAINE EN ÉVEIL
La jeunesse africaine contemporaine semble avoir compris l’enjeu, depuis des décennies, et ne laissera pas annihiler sa volonté émancipatrice qu’elle affirme et amplifie chaque jour. En effet, selon la déclaration de Peter Biar Ajak le 11 mai 2021, «la jeunesse africaine est engagée pour la paix et la sécurité». Nous ajouterons : pour tirer profit de toutes les richesses de son territoire. En attestent :
- Le Nouveau Mouvement Populaire de la Jeunesse Africaine ayant pour but d''unifier l''Afrique, de combattre la dépendance de l''Afrique à l''Occident et surtout de vaincre le sentiment de rejet entre les Africains.
- Les multiples manifestations dont un nombre record a été observé à travers l’Afrique ces dernières années sans succomber à la violence mais en incitant à des réformes pour combattre le chômage, la dépendance économique, la corruption et l’instabilité politique.
- Les différentes manifestations culturelles, sportives, artistiques pour faire les jeunes prendre conscience de leur appartenance à leur pays et de leur capacité à le diriger dans la paix et le développement durable.
Peter Biar Ajak est un militant pacifiste sud-soudanais, un universitaire et ancien prisonnier politique, arbitrairement incarcéré au Soudan Sud, de juillet 2018 à janvier 2020. Né le 21 novembre 1983.
La Guadeloupe qui, comme beaucoup de ces pays, cherche à s’assumer en toute plénitude, tout en restant ouverte à une intelligente coopération, ne peut qu’espérer que cette jeunesse africaine, avide de liberté et de développement, dans le cadre d’une Constitution démocratique, restera vigilante pour les décennies à venir. Celles-ci restent très incertaines sur le plan mondial.