Le brouillard politique s’est épaissi sur la Guadeloupe

En 2022, la crise économique, sociale et sociétale s’est approfondie en Guadeloupe. Ce qui est largement reconnu par toutes les institutions autorisées.

Le Comité des organisations en lutte est resté mobilisé pour la réintégration des personnels de santé suspendus et pour la négociation des revendications adressées aux autorités depuis le quatrième trimestre 2021, sans aucun début de dialogue.
Les députés qui ont été élus sur la promesse de réintégration des personnels suspendus ont été «déboutés» par le Parlement français, sans plus de réactions.
Les jeunes qui se sont exprimés sur les barrages au mois de décembre 2021 pour crier leur souffrance ont été baladés par les pouvoirs sans qu’une solution globale et pérenne ne soit apportée à leur situation. Certains croupissent en prison.
Tout cela se passe dans l’indifférence générale. Sur le plan politique, c’est le grand vide après des élections qui ont fait éclater toutes les contradictions qui fissurent notre société.
Malgré la proposition responsable du Parti de choisir la Guadeloupe aux élections présidentielles, nous avons eu droit à une grande braderie marquée par l’abstention et le vote sanction. Cette position s’est poursuivie aux élections législatives.
La vraie question que nous avons posée est celle de savoir qui a perdu, qui a gagné ? Emmanuel Macron a perdu en Guadeloupe, mais il a gagné en France. Il est toujours président des Français et des peuples sous domination. Deux députés de la majorité Macron ont été réélus. En définitive, un seul poste de député à changer de camp, c’est celui de la 2e circonscription avec Christian Baptiste.
C’est le conservatisme qui a gagné avec en embuscade le Rassem-blement National.
A la fin 2022, le sentiment dominant chez les Guadeloupéens, c’est que tout cela, le vote Mélenchon au 1er tour des Présidentielles et le vote pour Marine Le Pen au 2e tour n’a servi à rien. Le rejet de la politique s’est amplifié avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer pour les luttes à venir dans un maquis institutionnel ou les intérêts particuliers jouent un rôle prépondérant.
En réalité, le vrai problème qui se pose avec plus de clarté aujourd’hui, c’est l’absence de la politique qui résulte en grande partie de la déliquescence des partis politiques d’une manière générale et de la division des forces politiques et sociales qui se réclament du patriotisme et de l’anticolonialisme.
La Guadeloupe vogue comme un bateau sans gouvernail, au gré des flots et les Guadeloupéens ont le sentiment qu’il n’y a aucune autorité guadeloupéenne, aucune force politique ou sociale pour prendre en charge leurs légitimes revendications et les défendre avec efficacité.
D’autres, dans ce climat trouble et propice à toutes formes de compromissions s’enfoncent dans l’individualisme à la recherche de réussites facile à n’importe quel prix. Toutefois, il faut atténuer ce sombre constat.
Il y a, il faut le dire beaucoup de Guadeloupéens qui ne baissent pas les bras, qui résistent et qui prennent conscience que les choses doivent changer dans l’intérêt des enfants du pays.
Au fond, 2022 a aussi montré avec éclats qu’il y a deux Guadeloupe :
• Il y a cette Guadeloupe officielle que l’on voit, qui vit à l’ère de la mondialisation capitaliste qui ne porte ni progrès réel pour les peuples et l’humanité. Et puis il y a cette Guadeloupe du pays réel qui se construit dans les contradictions du système avec des Guade-loupéens talentueux qui s’engagent dans cette ligne vertueuse : penser, innover, produire, agir pour changer de paradigme.
• Ils représentent incontestablement le socle sur lequel il faudra se reposer en 2023 pour ouvrir les voies du développement et de l’émancipation en Guadeloupe.