L’Autonomie va dans le sens du pays

Dans le premier numéro de Nouvelles-Etincelles de cette année, nous avons formulé ce voeux à la Guadeloupe : «En 2023, marchons ensemble dans le sens du pays».
Cette invitation signifie que les Guadeloupéens doivent prendre conscience que «l’administration, le développement, l’épanouissement de ses ressortissants, les relations du pays au monde relèvent de leur seule responsabilité».
Le sens du pays, avons-nous dit, commande d’agir pour soustraire le pays à toute tutelle et à toute domination extérieure. C’est l’exigence de rompre toutes relations de subordination à la France, pays colonisateur et de prendre en main la direction des affaires de notre pays.
La revendication d’un changement d’un statut politique d’Autonomie répond à cette exigence. Elle va donc dans le sens du pays. Toutefois, il faut être «véyatif», ne jamais baisser la garde sur ce terrain.
Car, il faut éviter les «jé-bésé», les entourloupes et les «masko» qui poursuivent le but de noyer le poisson comme cela se fait depuis les années 2000. La question du changement de statut relève de deux facteurs intrinsèquement liés : une volonté politique et une aspiration populaire.
On ne peut donc parler de changement de statut sans stratégie et sans vision politique pour son territoire. Encore moins en cherchant à profiter des fenêtres constitutionnelles ouvertes par le pays colonisateur pour résoudre l’impasse de sa politique en Nouvelle-Calédonie.
C’est précisément dans ce cadre que s’inscrit aujourd’hui toute une série d’initiatives prises par les élus et des citoyens se réclamant de la «Société civile» en Guadeloupe et dans les Outre-mer : l’Appel de Fort-de-France, le remake du projet de société par le Conseil général et le Conseil régional de la Guadeloupe, la rencontre des députés des territoires «97» en Guyane, la coordination des parlementaires «Outre-mer» à Paris.
Il faut certes apprécier le fait que les élus sortent de leur immobilisme, de leur cécité, pour essayer de se placer à la hauteur des enjeux de la période. Mais il faut remarquer sans aucune ambiguïté qu’ils commettent les mêmes erreurs du passé en cherchant à dépolitiser cette question et surtout à la placer hors du champ d’intervention des partis politiques.
Il faut bien admettre une fois pour toute, que la question du changement de statut n’est pas une responsabilité des élus, mais bien celle des partis politiques qui portent un projet global de société sur une base idéologique clairement affichée.
Si on se réfère aux expériences récentes de négociations d’évolutions statutaires par la France, on verra que ces négociations ont été menées et signées avec des partis politiques et des élus, membres de ces partis. Cela a été le cas en Nouvelle-Calédonie, en Corse, en Polynésie. Le Projet guadeloupéen adopté par le Conseil régional et le congrès après la Déclaration de Basse-Terre en 1999, a été élaboré par un Comité de Projet composé des partis politiques, des élus et des personnalités qualifiées.
La Commission ad hoc Conseil général, Conseil régional n’a aucune compétence pour élaborer et négocier un changement de statut avec le pouvoir français. Une telle démarche doit être placée sous l’autorité d’un Comité guadeloupéen de changement de statut et d’élaboration d’un projet de société composée : des représentants des partis politiques, des élus, des partenaires sociaux et des personnalités qualifiées.
Faute de considérer ce mode de gouvernance du projet, la Commission ad hoc du Conseil général et du Conseil régional, court le risque de connaître le même sort que le projet de société Gillot-Lurel.