L’HYPOCRISIE DÉMOCRATIQUE

E n ce temps des élections, le mot à la mode est bien celui de : «démocratie». Il est au cœur de toutes les confrontations politiques et sert souvent à stigmatiser ceux qui pensent et agissent différemment de ceux qui ont le pouvoir. Les communistes, par exemple, sont taxés d'anti-démocratiques, de dictateurs, parce qu'ils prônent la lutte des classes et des masses, la mise en place de comités populai- res pour un exercice direct du pouvoir par le peuple lui-même. Les partis politiques bourgeois qui contrôlent l'appareil d'Etat, l'instru - ment par excellence pour exercer la dictature de classe, sont arrivés à faire admettre par une grande frac - tion de l'opinion que le critère incontestable de la démocratie serait les élections. Si, pour rester fidèle à l'esprit des philosophes, on retient l'idée que la démocratie serait : le pouvoir du peuple exercé par le peuple, on doit se poser la question sur la valeur des élections. En quoi, les élections permet - tent-elles au peuple d'exercer directement le pouvoir ? Telles qu'elles sont organisées en système bourgeois, les élections visent à organiser une représentation prédéterminée du peuple pour garantir la reproduction du système de domination et de pwofitasyon. Pour atteindre cet objectif, l'appareil d'Etat capitaliste organise des circonscriptions électorales sur mesure pour ses candidats, mobilise des moyens financiers considérables et domestiquent les principaux leaders d'opinion et les organes de presse. Dans ces conditions, les élus ne représentent pas tout le peuple et, plus grave, ils ne représentent pas toujours la fraction qui a voté pour eux, mais ceux qui ont organisé le charcutage électoral et qui ont payé pour assurer leur élection. En réalité, ce n'est pas la démocratie représentative en soi qui pose problème, mais le mode de scrutin uninominal à deux tours qui permet toutes les dérives et installe en définitive une parodie de démocratie. Les chiffres des dernières élections législatives en France, en2007, sont très éloquents pour illustrer cette hypocrisie démocratique : la ligue communiste révolutionnaire a obtenu 534 666 voix et n'avait aucun député à l'Assemblée Nationale. Le MPF (Mouvement pour la France) a obtenu 356 786 voix et a obtenu 3 députés. Le Front National a totalisé 1 095 784 sans aucun dépu- té alors que le Parti Radical est entré à l'Assemblée Nationale avec 20 députés après avoir rassemblé 365 152 voix. Dans ce système, ce sont 25% d'électeurs qui ont effectivement voté qui n'étaient pas représentés à l'Assemblée Nationale. Les tartuffes et les pwofitè oseront venir nous opposer leur modèle inique, anti démocratique, à notre stratégie de conquête du pouvoir par l'action des masses. La question n'est pas le rejet des élections, mais la condamnation d'un mode de scrutin qui génère toutes les magouilles. La lutte des masses devrait pouvoir installer un pouvoir légitime, représentatif de tout le peuple à tra- vers un mode de scrutin proportionnel intégral. C'est aujourd'hui le nouveau défi posé à la démocratie.