L’unité suppose l’assentiment de tous et un compromis

L’unité suppose l’assentiment de tous les intéressés sur la base d’une mutuelle compréhension, sur la base d’un effort unanime de bonne volonté, sur la base enfin d’un programme et d’une doctrine qui ne peuvent être que le résultat d’un compromis, un compromis utile, un compromis pour le service du peuple, un compromis marquant un important progrès.
Si l’on n’est pas conscient de cette vérité fondamentale, on ne pourra jamais arriver à un front national, un vrai, uni, et solide ; on ne pourra jamais réaliser la révolution.
Aujourd’hui, on doit se rendre compte qu’il ne peut exister en réalité que deux Partis chez nous : Le Parti des attardés, ceux qui se sont laissés engluer par la vieille société coloniale et qui servent de supports au système colonialiste, le Parti de la tradition, de l’immobilité et, en face, le Parti du mouvement, le Parti de l’avant-garde qui groupe tous ceux qui se sentent assez de patriotisme, assez de dynamisme, assez de volonté, assez de courage pour rompre le cycle infernal de trois siècles de malfaisance colonialiste et bâtir sur les ruines d’un passé maudit, une Guadeloupe nouvelle conforme à nos besoins et à nos aspirations.
A chacun de nous, à chaque Guadeloupéen de savoir choisir la place qui lui convient dans ce grand combat dont la dignité de l’homme guadeloupéen n’est pas le moindre des objectifs. Voilà dans leurs grandes lignes quelles sont les conditions de succès de notre lutte. Elles impliquent l’adoption et la mise en pratique des cinq thèmes suivants :
1* Un ligne politique juste, procédant d’une saine appréciation des données objectives de la réalité guadeloupéenne et définissant en toute clarté, le caractère, le contenu essentiel de notre revendication et de notre agitation politique
2* La création d’un bloc national monolithe, rassemblant sur la base du programme commun toutes les forces vives du pays sans exclusive
3* L’établissement d’un plan de lutte pour l’émancipation nationale, basée sur l’action politique généralisée des masses contre le colonialisme et ses suppôts locaux
4* L’union dans la lutte avec les peuples frères de la Martinique, de la Guyane, de La Réunion
5* La solidarité agissante des forces démocratiques et anticolonialistes dans le monde et au premier chef celles des mouvements anticolonialistes de France. (08 juin 1963)
Germain Saint Ruff 1927 - 1987
(chercheur en Science, Historien, Rédacteur en chef de la revue Marxiste «Le Boucan»