«Nous devons créer des orientations plus claires pour les lycéens»

Dès janvier, les élèves de seconde et terminales vont avoir un oeil aiguisé vers Parcours Sup. Ils n’auront que quelques mois pour décider de leur orientation scolaire et se diriger vers la filière désirée. C’est dans ce cadre que Kanelle Valton, présidente de la section Sciences Po Alumni Antilles-Guyane, intervient dans les établissements scolaires de Guadeloupe pour évoquer son parcours et mettre en lumière les potentialités de l’école Sciences Politiques de Paris.

Vous êtes la présidente de la section Sciences Po Alunmi Antilles-Guyane et vous siégez également au sein du Conseil d’administration des anciens élèves de Sciences-Po. D’où est née cette volonté de constituer une antenne locale ?
Kanelle Valton :
Tout d’abord, Scien-ces Po possède une très lon-gue histoire. Elle existe depuis 1875 et compte près de 90 000 anciens étudiants. Elle est riche d’une communauté née de ses échanges dans le monde entier et possède ainsi des ramifications à l’international. Nous avons souhaité, avec Daniel Lantin et Jacques Fayel, créer une section Antilles-Guyane, qui ancrerait notre engagement personnel dans la démocratisation du parcours Sciences Po. Le fait de s’être structuré nous permet de nous impliquer davantage dans des actions locales et d’avoir une empreinte plus forte sur notre territoire. Nous pourrons ainsi, à terme, créer un réseau unique et régional avec professeurs et lycées et intervenir de manière régulière auprès d’eux. Le but n’est pas de faire la promotion partout en Guadeloupe de mon ancienne école, mais de diffuser les outils pédagogiques qui nous ont été transmis et de participer à la mise en avant d’une politique d’ouverture sociale

.
C’est-à-dire ? Quelles actions menez-vous ?
Il souffle un vent nouveau à Sciences Po depuis plusieurs décennies qui ambitionne de prendre une part importante dans les établissements signataires des conventions d''éducation prioritaire. C’est le cas en Guadeloupe, à Saint-Martin, en Martinique et en Guyane. L’objectif est d’encourager les élèves à s’inscrire au concours dans le respect de l’égalité des chances. Sur l’archipel, Sciences Po a signé des partenariats avec cinq lycées (Marie-Galante, Sainte-Rose, Pointe-Noire, Morne-à-l’Eau) dans lesquels j’interviens et, de manière plus ponctuelle, avec le lycée de Baimbrigde aux Abymes (bénéficiaire du Mentary, programme de mentorat du Rotary Club de Pointe-à-Pitre). Il s’agit d’ateliers de méthodologie et de culture générale. Mon but est d’informer les jeunes sur les parcours d’excellence et de les préparer aux épreuves sélectives en leur donnant des clés d’une épreuve orale réussie. Nous avons vraiment à coeur de les aider à construire des projets de candidatures solides. Il est essentiel d’injecter des talents de tous horizons dans la machine Sciences Po.
En quoi la filière Sciences Po peut-elle être source de beaux débouchés ?
Durant cinq ans, vous êtes encadrés et encouragés à vous cultiver, à explorer diverses disciplines et à réaliser un séjour d’études ou un stage d’un an à l’étranger. Il ne faut pas oublier que Sciences Po reste une référence sur le marché du travail. Elle développe l’esprit critique, l’esprit de synthèse et l’aisance dans la prise de parole en public. Urbanisme, journalisme, droit, recherche, diplomatie, à l’issue de vos études, vous pouvez prendre toute sorte d’orientation. Cette variété d’offre pédagogique n’a pas d’égale. Vous pourrez travailler dans le privé ou bien créer votre entreprise. Vous pouvez aussi choisir de mettre vos compétences au service de votre territoire, notamment dans l’administration. Oui, les débouchés sont réels. De plus, c’est une école engagée qui a fait évoluer ses épreuves d’admissions pour qu’elles ne soient pas défavorables aux candidats modes-tes ou éloignés géographiquement et qui indexe ses droits de scolarité sur les revenus des parents.
Pouvez-vous aller encore plus loin dans vos interventions ?
Après cinq ans de travail, je souhaite, aujourd’hui, structurer et pérenniser l’action de la section Antilles-Guyane. Nous voulons non seulement offrir un soutien pédagogique aux candidats aux grandes écoles, mais aussi une aide aux jeunes diplômés dans leur intégration au marché du travail. Les étudiants ultramarins sont parfois perdus lorsqu’ils arrivent étudier dans l’Hexagone et j’aspire à les accompagner pour plus de sérénité. Ma scolarité à Sciences Po m’a permis d’aller étudier l’histoire de l’esclavage et les questions de discriminations raciales au Royaume-Uni et aux Etats-Unis et de pouvoir les mettre à profit dans mes activités professionnelles (Kanelle est «sensitivity reader», relectrice spécialisée autour de l’histoire afro-américaine). L’idée de cette section est d’établir des stratégies d’orientation plus claires pour les jeunes guadeloupéens, que ce soit pour accéder à Sciences Po ou à d’autres cursus sélectifs.