SÉCURITÉ ROUTIÈRE De la responsabilité des Guadeloupéens avant tout !

Quarante-neuf décès sur les routes de Guadeloupe pour 2022, trois au 20 janvier 2023. Trop ! C’est trop ! Ce sera toujours trop !

Et même avec un seul, ce sera toujours trop, car, si l’accident reste possible quand il répond véritablement à la nature d’accident, ces hécatombes peuvent être évitées si certains usagers de la route étaient conscients que la route n’est pas un espace d’exhibitions, de prouesses, de démonstrations, de communication à distance, de visionnage d’images numériques personnelles ou de panneaux publicitaires abusivement installés qui parasitent même souvent ceux du code de la route.
La route est une servitude publique qui confère à chacun le droit d’utilisation en responsabilité, pour ses éventuels déplacements, à pied ou au moyen d’un véhicule motorisé ou non, parfois même à dos d’animal.
Mais de ces droits naturels découlent obligatoirement des devoirs imposés, ceux qu’enseigne le code de la route pour les co-utilisateurs et non comme copropriétaires, com-me certains vous laissent à le penser, interprétant sans doute à leur profit le slogan : «La route se partage». Une expression qui laisse de nombreux usagers à penser qu’il s’agit de partager un gâteau, dans un état d’avarice, d’affamé, d’excité ou d’énervé. Un comportement aggravé par des stupéfiants de toutes natures. Alors, oui, ces inconscients et irresponsables de la route sont les seuls à la fois responsables et coupables de tous ces accidents mortels ou non que nous déplorons chaque année. Ce partage de la route exige l’intelligence, la sérénité, la courtoisie, l’humilité, pour ne pas avoir la vanité de se croire le meilleur des conducteurs.
Les autres utilisateurs, et ils sont heureusement fortement majoritaires en Guadeloupe, peuvent se sentir seulement responsables, mais une responsabilité qui consiste simplement à faire passer, autant que faire se peut, le message éducatif, à interpeller courageusement par les moyens à leur disposition, ceux qui n’arrivent pas à comprendre qu’on peut parvenir à stopper ces pertes en vies humaines qui plongent des familles dans la tristesse, le désarroi et la détresse, durant toute une vie. Et c’est cet objectif que visent nos propos, sans langue de bois. Nous n’avons aucun doute que beaucoup se reconnaîtront.
Se sentir responsable de la sécurité routière : l’affaire de tous
Alors, oui, la sécurité routière est de la responsabilité, avant tout, des Guadeloupéens et non des forces de gendarmerie et de police, des préfets, commissaires de police, procureurs et magistrats de sanctionner, pour faire entendre raison. Cette Guadeloupe qui donne tant de fierté à son peuple pour être terre de cultures, de luttes pour la décolonisation et la responsabilité, d’excellences dans tous les domaines, sportifs, artistiques, artisanaux, agricoles, intellectuels, pour ne citer que ceux-là, ne peut que rougir de honte de voir ses usagers de la route considérés par le pouvoir et les observateurs, comme des délinquants qu’il faut surveiller par le plus grand nombre possible de radars, des plus performants du monde, par des pelotons de gendarmerie dans des véhicules identifiables ou banalisés ou par des hélicoptères et des drones en aplomb sur leur tête. Honteux de se voir éduquer à la sécurité routière par des stages de cons-cientisation, par des affiches ou des oeuvres de plasticiens choquant la sensibilité, même si cela permet à ces derniers de garnir leur portefeuille ! C’est le conducteur qui tue ou qui se tue !
Non ! Cet archipel où tous ceux qui viennent d’ailleurs s’accordent à nous dire qu’il y fait bon vivre et qui utilisent toutes les stratégies pour s’y enraciner à nos dépends, quitte à nous éloigner, ne doit pas poursuivre dans cette voie. Arrêtons le massacre ! Il y va de notre réputation. C’est possible, car nous comptons dans nos rangs des compatriotes plus qu’octogénaires, avec soixante années ou plus de conduite, qui «partagent» encore les routes en tant que co-utilisateurs, tous les jours presque, et qui n’ont jamais connu d’accidents à déplorer des morts ou des blessés. La chance, nous direz-vous ? Peut-être, mais c’est avant tout grâce à leur prudence, leur vigilance, leur respect du code de la route et des consignes de sécurité, leur courtoisie au volant, en ne voulant pas obligatoirement user, voire abuser de leur priorité, en ne voulant pas arriver à l’heure quand ils ont pris le départ en retard, en ne cherchant pas à se griser par la vitesse, l’alcool ou autres stupéfiants. Ils ne sont pas à l’abri d’un accident, mais lequel sera certainement, soudain, imprévisible et inévitable, les trois caractéristiques qui définissent un accident. La route ne tue pas ! N’ayons pas peur des mots : c’est le conducteur qui tue ou qui se tue, involontairement certes, avec son véhicule. Sans oublier les cas de suicide avec son véhicule : mais c’est un autre problème.
Espérons fortement que d’autres victimes ne s’ajouteront pas à ces trois compatriotes que nous pleurons déjà pour le mois de janvier 2023.