LE CARNAVAL EN GUADELOUPE Défoulement, exutoire, ambiguïté, paradoxes

Autant de vocables qui peuvent s’appliquer au Carnaval de Guadeloupe et qui se justifient totalement, chaque année
lors des défilés organisés
durant les week-ends.
Il est vrai que la Guadeloupe ne fait pas exception, car, incontestablement, elle subit l’influence de l’extérieur, notamment du Brésil, de Trinidad et Tobago, ce qui n’altère en rien les talents de nos carnavaliers à imaginer, concevoir, créer, et s’exprimer.
Contrairement à ce qui est avancé depuis le lancement de l’édition 2023, la parenthèse des deux années 2021 et 2022, n’est pas la cause de la frénésie qui la caractérise, car il en était toujours ainsi depuis des lustres.
La parade du dimanche 29 janvier 2023 à Le Moule intitulée «Moul en folie» a drainé, comme les pour les autres communes, des milliers de Guadeloupéens sur le Boulevard maritime : enfants, beaucoup en très bas âge malheureusement, jeunes et moins jeunes, applaudissant ces spectacles haut en couleur, à ciel ouvert, offerts gracieusement par les groupes de danseurs et musiciens. Le beau temps, marqué par un beau ciel bleu à l’infini, jusqu’à sa rencontre avec la vaste mer lui disputant sa couleur, ajoutait sa touche de beauté jusqu’au revoir vers 18h00 du beau soleil déclinant. Les clairs nuages se gardaient bien de ternir l’événement par une pluie soudaine, comme cela peut se produire en cette période et dans cette région. Le spectacle se poursuivait alors jusque vers minuit avec des nouveaux invités depuis la voûte céleste que constituaient les étoiles.
LE CARNAVAL, UN ESPACE EMBLÉMATIQUE
Les groupes carnavalesques étaient très nombreux et on ne pourrait tous les citer : Ata Faya ; Ecrin Créole; Ari Aka : Pikan ; Guinbo All Stars : Lyannaj’ Abymes ; Festifoly musicale ; Cho Diez Africa ; Vibration ; Jénès Mas’tibou ; Matamba et tous les autres…
Imagination, créativité, savoir-faire dans la confection des tenues aux couleurs chatoyantes avec des touches souvent érotiques ne faisaient aucun doute et étaient mises en exergue par les expressions musicales, gestuelle, corporelle, écrite et verbale, enracinant un peu plus chaque année le carnaval dans le patrimoine culturel de la Guadeloupe. Car, le carnaval est aussi un espace de dérision, de dénonciation, d’éducation, de revendication sociale, identitaire et politique. Des slogans relevés en attestent : «chlordécone» ; «La route se partage» ; «Respecter les familles des victimes» ; «Pas de téléphone portable au volant» ; «beaucoup d’amour» ; «Voyé dlola ».
Un espace emblématique qui contraste terriblement avec le vécu au quotidien de notre beau pays Guadeloupe, confronté à tant de maux, en situation de mal développement. Nous ne pourrons donc pas ne pas revenir, dans une de nos prochaines éditions, sur les aspects négatifs de notre carnaval, avec ses ambiguïtés et ses paradoxes.