L’Europe saigne et, une fois de plus, l’Amérique est le troisième larron

Outre l’Ukraine, la grande perdante est l’Europe, et surtout l’Allemagne. L’Europe est tombée dans le piège que lui avaient tendu les États-Unis en 2008. Malgré le fait que la France et l’Allemagne n’étaient pas d’accord à l’époque pour promettre à l’Ukraine qu’elle pouvait devenir membre de l’OTAN, la délégation américaine avait imposé cette idée contre leur gré. Le Pentagone ne savait que trop bien que cela allait se solder par un conflit avec la Russie.

LA GUERRE A DÉBUTÉ
EN 2014
Le coup d''état de Maïdan en Ukraine a marqué le tournant dans les rapports entre la Russie et l’Occident. En novembre 2013, les Ukrainiens étaient descendus massivement dans la rue pour protester contre le président prorusse Ianoukovytch. Il avait refusé de signer un traité associatif avec l’Union européenne. En 2014, avec l’aide des néonazis et de la CIA, le gouvernement élu fut renversé par un coup d’État violent et remplacé par un gouvernement pro-occidental. Pour Moscou, le soutien ouvert de l’UE et des EU aux manifestants à Kiev était une confirmation de ce que l’OTAN voulait à tout prix étendre sa sphère d’influence. La Russie réagit militairement en annexant la Crimée et en soutenant les séparatistes dans l’Est de l’Ukraine. C’est à ce moment que la guerre débuta, voilà huit ans, et non le 24 février 2022.
QUI GAGNE ET QUI PERD, DANS CETTE GUERRE
EN UKRAINE ?
Depuis la désintégration de l’Union soviétique, la Russie a entrepris des actions militaires en Tchétchénie, en Géorgie et en Ukraine. Durant la même période, les États-Unis ont entrepris plus de 50 actions militaires dans d’autres pays, non pas à leurs frontières, mais très loin de leur territoire. Ils ont plus de 800 bases militaires en dehors des EU, surtout concentrées autour de la Russie et de la Chine. Tant pour la Russie que pour les EU, il s’agit de garantir les intérêts économiques de leur économie et c’est quelque chose qu’ils ne font pas avec des mots, mais avec des armes. Depuis l’association du dollar au contrôle des matières premières et surtout du pétrole, les EU mènent des guerres afin de conserver avant tout le contrôle du pétrole et du gaz. Les guerres contre l’Irak, l’Afghanistan, la Syrie, la Libye et l’Iran s’inscrivent dans ce cadre. Hormis l’Iran, le résultat final a été que des pays magnifiques ont été complètement anéantis, avec des millions de morts et de blessés parmi la population. Avec ou sans mandat de l’ONU et surtout avec le soutien des autres pays de l’OTAN.
Initialement, l’Organisation du traité de l’Atlantique-Nord se donnait surtout pour but de jeter un barrage militaire commun contre l’Union soviétique. Après l’effondrement de l’Union soviétique, l’Europe ne s’est pas dépêtrée de l’hégémonie des EU. Jusqu’à ce jour, cela a des conséquences néfastes. Les EU ont provoqué la Russie non seulement en accordant leur soutien au coup d’État en Ukraine, mais aussi en plaçant des missiles à longue portée en Pologne et en Roumanie. Dirigés prétendument contre la menace iranienne. En 1962, quand l’Union soviétique avait voulu installer des missiles à Cuba, cela avait presque débouché sur une troisième guerre mondiale. Ces provocations mettent aujourd’hui sur le dos de l’Europe une guerre qui pourrait très bien la déstabiliser complètement.
À l’instar des guerres des EU au Moyen-Orient, ce n’est pas l’Améri-que, mais l’Europe qui a dû accueillir un afflux massif de réfugiés et cela va de nouveau être le cas. Les conséquences économiques pour l’Europe et surtout pour l’Allemagne seront catastrophiques, si les livraisons de gaz depuis la Russie doivent cesser. L’économie allemande subirait des coups durs. Telle est la principale intention des EU et du Royaume-Uni. Nord Stream 2 aurait signifié un solide coup de pouce pour l’économie allemande et, partant, européenne. Mais les EU peuvent combler le trou du marché en exportant vers l’Europe leur gaz de schiste plus cher. Et, d’un coup, le robinet du gaz serait chez les Américains, mais plus chez les Russes.
Une guerre militaire est toujours la résultante d’une guerre économique. Les deux parties essaieront de diaboliser l’ennemi en le qualifiant «de nouvel Hitler, de fou dangereux assoiffé de pouvoir, etc.». Les deux parties agiteront les drapeaux des valeurs comme la démocratie et la liberté, de la sécurité nationale ou internationale.
L’Europe occidentale a raté l’occasion de développer une relation économique correcte avec la Russie. La cause principale réside dans la politique de sabotage des EU, qui ne reste possible que via l’occupation militaire de l’Europe occidentale par les EU, sous le parapluie de l’OTAN. Prenons le public au sérieux et ne lui servons pas d’histoires de cowboys avec «les bons et les mauvais» et dans lesquelles l’adversaire est naturellement le mauvais. Les guerres sont des tentatives pour conquérir ou sauvegarder des intérêts économiques et stratégiques via des actions militaires. Avec la guerre en Ukraine, c’est de nouveau l’Europe qui saigne et ce sont les EU qui assument le rôle de troisième larron. De toute urgence, l’Europe doit reconquérir sa souveraineté en toute indépendance vis-à-vis des EU et de l’OTAN. C’est la seule façon de garantir la paix et la sécurité en Europe.
Source : Investig’Action