La visite de Georges Marchais en Guadeloupe

A la tête d’une délégation le Secrétaire général du Parti Communiste Français (PCF), Georges Marchais, a séjourné en Guadeloupe du 20 au 24 novembre 1989, à l’invitation du Parti Communiste Guadeloupéen pour une visite d’amitié et de solidarité.

Dans l’histoire des relations entre les deux organisations vieille de 40 ans, c’était la première fois qu’un Secrétaire général du PCF, foulait le sol de la Guadeloupe.
Georges Marchais, en Guade-loupe, a magnifié son statut de leader des travailleurs et du peuple français. Dès sa descente de l’avion d’Air-France, accueilli chaleureusement par le Secrétaire général du PCG et ses camarades, il a été conduit au salon d’honneur de l’aéroport. Dans une première déclaration à la presse. Il a exposé en ces termes le sens de sa visite : «Deux raisons principales nous ont conduit à faire ce voyage.
La première, c’est naturellement notre volonté de venir sur place réaffirmer aux habitants de la Gua-deloupe, la solidarité des communistes et plus particulièrement de tous les gens de coeur de la métropole après la dure épreuve qu’ils viennent de subir (cyclone Hugo).
La deuxième raison de notre visite est que la population de la Guade-loupe et celle de la métropole sont aujourd’hui confrontées à des problèmes communs très sérieux

. Nous n’avons pas voulu faire une visite éclair. Nous sommes ici pour quatre jours pleins. Nous aurons des rencontres avec nos amis communistes, avec des syndicalistes, des élus, des personnalités diverses. Si je devais résumer en une formule notre état d’esprit au moment où nous entamons cette visite chez vous ce serait celle-ci : Ecouter, dialoguer, réfléchir ensemble pour mieux agir en commun».
Le programme mis en place par le PCG répondait parfaitement à l’état d’esprit affiché par le dirigeant du PCF. En fait, il a rencontré bien sûr les organismes dirigeants du PCG, les municipalités communistes. Il s’est entretenu avec Dominique Larifla, président du Conseil général, Félix Proto, président du Conseil régional. Il a été reçu par les organismes institutionnels : La Chambre de commerce et d‘industrie de Pointe-à-Pitre, celle de Basse-Terre, la Chambre d’agriculture, le syndicat CGTG.
L’évêque de la Guadeloupe Monsei-gneur Ernest Cabo a reçu le Secré-taire général du Parti Communiste entre deux frères en humanité. Après cette rencontre qui a eu un impact fort sur la délégation du PCF, Georges Marchais, le leader du peuple, accompagné par les camarades communistes de Basse-Terre a pris la direction de la Cité Bologne pour une rencontre militante avec une vétérante communiste, une combattante qui s’est illustrée dans toutes les luttes de la clase ouvrière dans cette région de la côte sous-le vent. Autour d’un café et d’un «petit verre» les deux militants ont échangé sur leurs expériences. Il y avait comme une alchimie entre ces deux personnes qui ne se connaissaient pas, il y avait quelques heures et qui parlaient le même langage et partageaient les mêmes vécus. Ils avaient en commun l’idéal communiste.
Profondément marqué par ce mo-ment d’échange, Georges Marchais nous a confié que de tout ce qu’il a appris à travers les différentes rencontres qu’il a eues, et le moment passé en compagnie de la camarade Eva, a fortement contribué à le renforcer dans ses convictions et son engagement de rester sur la ligne de la révolution communiste, car c’est là l’avenir de l’humanité.
Le point d’orgue de cette visite a été le meeting sur le parvis de l’hôtel de ville de Pointe-à-Pitre devant un public de 1000 à 2000 personnes. Représentant toute la diversité de la population guadeloupéenne, dans sa posture inimitable du tribun populaire après avoir remercié le PCG pour son invitation et les Guadeloupéens pour leur accueil, déroula son analyse de la situation internationale, des menaces qui pèsent sur la France et exposa les enseignements qu’il a tirés de son séjour en Guadeloupe.
«Oui, c’est une évidence, l’idée grandit que la politique mise en oeuvre depuis tant d’années n’est pas la bonne réponse aux problèmes de plus en plus graves qui nous sont posés. Nous sommes des millions en métropole, des milliers en Guadeloupe à agir pour d’autres solutions : de justice et d’égalité, de liberté et de dignité, de paix et de désarmement.
Bien sûr, vous communistes de Guadeloupe, vous menez votre combat dans des conditions particulières qui sont celles de vos îles. Vous avancez en ce sens des objectifs spécifiques. Ainsi le Parti Communiste Guadeloupéen, qui défend sans relâche les intérêts des travailleurs et des familles populaires, inscrit son action dans la perspective de l’indépendance à orientation socialiste. Ils vont avancer par étape, au fur et à mesure que les Guadeloupéens en décideront démocratiquement.
Eh bien, le Parti Communiste Fran-çais qui, depuis sa naissance, s’est toujours trouvé aux premiers rangs de la lutte contre le colonialisme et qui considère comme inaliénable le droit des peuples à l’autodétermination, affirme une nouvelle fois sa solidarité au Parti Communiste Guadeloupéen, se prononce pour la mise en place d’un statut garantissant à la Guadeloupe les moyens de son développement (…).
Nous disons qu’il est urgent que les élus des départements d’Outre-mer soient investis des droits véritables leur permettant de participer pleinement aux décisions et à la mise en oeuvre des solutions neuves dont vous avez besoin. Il est urgent que le peuple guadeloupéen voit ses droits à la dignité, à la responsabilité, au respect de son identité, enfin garantis».
Ainsi parlait Georges Marchais sur la place des Martyrs de la liberté, il y a trente-quatre ans. Aujourd’hui, ces exigences sont plus que jamais d’actualité.
Cependant, il faut reconnaitre qu’il fixait deux tâches incontournables pour atteindre ces objectifs :
«- Le dépassement du capitalisme et la construction d’une société socialiste originale, démocratique.
- L’union des forces populaires, l’union des forces de gauche pour changer de politique, de pouvoir, de société, tel est plus que jamais notre mot d’ordre».
En conclusion, Georges Marchais réaffirma une nouvelle fois sa solidarité au Parti Communiste Guadelou-péen et à son combat.
Cette visite historique a beaucoup contribué à une meilleure compréhension de nos stratégies politiques respectives et au renforcement des liens de solidarité et d’amitié entre nos deux partis.