Continuons à explorer la pensée de Cyril Serva…

«En une «colonie départementalisée» il ne saurait y avoir qu’un semblant de démocratie et l’accentuation de la démocratie française appliquée aux Dom se solde par un renforcement de la dépendance spirituelle, une victoire de l’entreprise de francisation, la consécration-intégration des identités mal définies. La créolité, ce nouvel exotisme, aujourd’hui forme promue, est un exemple éloquent.
Cette cécité, dont notre classe politique fait preuve eu égard au maintien de liens coloniaux de dépendance, d’assujettissement existant entre la France et nous, a valeur de complicité. La volonté de ces politiciens de toujours éviter le débat sur l’essentiel, le débat sur la Constitution politique qui conviendrait aux exigences de développement global de l’homme guadeloupéen est d’essence alimentaire.
L’économisme a toujours tenu lieu de politique, sous divers alibis : la peur de l’aventure, la peur de son ombre, c’est-à-dire du noir, l’attachement aux droits acquis, etc.
Enfermée dans de telles limites et considérations, la politique de nos politiciens, décennie après décennie ne connaît d’autre dynamisme que celui de l’accumulation quantitative et son cortège de droits à ceci, à cela, en un mot de droits-créances.
Or, nous croyons impossible de sortir une agrégation d’hommes et de femmes du statut de la «minorité» sans que soit posé et résolu le problème du statut politique de leur communauté sociale. Autrement dit, vain est le mot démocratie si en quelque part, il ne s’associe pas à une forme majeure de responsabilité».