La débâcle des politiques publiques en Guadeloupe

La canne et la banane, les deux piliers de l’économie locale sont en crise depuis des années. Aujourd’hui, le Conseil régional se fonde sur le tourisme qui est un secteur éphémère pour la relance de l’économie guadeloupéenne.

Tout le monde ressent les effets de la faillite du système capitaliste français en Guadeloupe dans tous les secteurs d’activité. Aujourd’hui, encore plus, avec la crise que provoque la guerre en Ukraine.
L’assimilation revendiquée par certains n’a pas eu les effets escomptés. La loi de départementalisation, puis de départementalisation adaptée de régionalisation, qui a apporté quelques améliorations d’ordre structurel n’a pas permis au pays de sortir la tête de l’eau.
Avec la décentralisation, les élus guadeloupéens pensaient pouvoir faire mieux et faire plus pour développer le pays. Seulement, ils ont hérité d’un passif : un pays en grande difficulté financière, avec une économie moribonde, et un taux de chômage élevé.
Avant la loi de la décentralisation, la Guadeloupe était gérée par l’Etat colonial. Sous le régime de l’assimilation, le pays n’avait pas une santé économique meilleure qu’aujourd’hui. On ne peut pas mettre en doute la capacité des Guadelou-péens à gérer eux-mêmes leurs affaires. C’est donc le système économique qui est à revoir.
La canne et la banane, les deux piliers de l’économie locale sont en crise depuis des années. Aujourd’-hui, le Conseil régional se fonde sur le tourisme qui est un secteur éphémère pour la relance de l’économie guadeloupéenne. Para-doxe, ce sont pourtant des secteurs économiques qui nécessitent un apport considérable en eau pour se développer.
Malheureusement, cette eau fait défaut malgré la capacité inépuisable des ressources naturelles. D’autre part, la Guadeloupe connaît un problème de pollution de l’eau au chlordécone. Depuis le mois de décembre 2022, l’économie s’essouffle, elle vit à nouveau au ralenti à cause des coupures d’électricité liées à la grève des agents d’EDF-PEI.
Autre aspect négatif dans le pays, la politique sanitaire. La situation du Centre hospitalier universitaire de la Guadeloupe n’inspire plus confiance. En effet, la qualité des soins prodiguée en Guadeloupe n’est plus garantie depuis la mise à pied de nombre de professionnels de santé du service public comme du service privé.
Des ambulances s’amoncellent comme des feuilles mortes à l’entrée du service des urgences du CHU de Pointe-à-Pitre. La Guade-loupe qui est une terre d’accueil des touristes, n’est plus en mesure de faire face à un cataclysme naturel, comme ce qui s’est passé récemment en Turquie.
Il faut se rendre à l’évidence, que la spécificité de la Guadeloupe, et son niveau de vie, rend pratiquement impossible l’application de nombre de lois françaises et européennes.
La réforme du transport public sur l’île avec la loi Sapin voulue par l’Etat, a été un véritable fiasco. Pourtant, ce ne sont pas les bonnes intentions qui ont manqué.
La plupart des politiques publiques mises en oeuvre en Guadeloupe ont été pensées dans l’hexagone, par des technocrates bien souvent qui n’ont jamais mis les pieds sur le sol guadeloupéen.
Il faut un changement de cap. On ne peut pas rester indéfiniment dans l’immobilisme si on veut réellement des lendemains meilleurs.
Déjà, une nette évolution de l’opinion s’était manifestée par 81% de la population, en faveur du changement de statut de la Guadeloupe en 2003, si on se réfère au sondage qui avait été effectué. Vingt ans après, où en sommes-nous ?
Ceux qui luttent savent d’expérience que le droit n’est pas figé car, la société évolue. Ils savaient aussi que le droit fait l’objet d’une con-frontation permanente entre les forces qui veulent toujours plus au service du capital et celles qui se battent pour la défense des intérêts du monde du travail.
C’est pourquoi, aujourd’hui, plus que jamais se révèle la nécessité d’un mouvement social fort, capable, quel que soit le cadre statutaire, de bien faire valoir les intérêts des véritables créateurs de richesses qu’est le peuple travailleur.
Il faut un mouvement politique puissant qui se situe dans cette démar-che et qui se fixe comme objectif de faire renaître l’espoir dans ce pays où les victimes du colonialisme dépassent le cercle des seuls ouvriers.