Accord de fin de conflit Est-ce du bluff désormais ?

On est en droit de se poser cette question,tant qu'elle est récurrente dans beaucoup de conflits en Guadeloupe.

C' est régulièrement que nous constatons la signature d'un protoco- le d'accords indiquant la fin de conflits entre salariés et employeur. Quelques mois après, un conflit naît, pour non respect de ce protocole. C'est en particulier l'UGTG qui pose systématiquement le pro- blème du non respect de protocoles d'accords. C'est le cas pour le conflit du CHU où l'UGTG appelle à la grève pour le non respect, selon elle, de près d'une dizaine d'accords signés par la direction du CHU. Il y a là un véri - table problème du respect des accords signés par la direction du CHU et de l'organisation syndica - le qui, manifestement, ne s'était pas donnée les moyens du suivi et de la mise en application intégrale de ces accords. Cette situation résulte souvent d'un rapport de forces insuffisant dû à un manque d'unité entre salariés où entre organisations syndicales, certaines tentant l'hé - gémonie sur les autres, ou encore la précipitation, pour diverses raisons. Cette situation a pour conséquence, la banalisation de la grève, par la répétition. Cela finit souvent par rendre la lutte des salariés impopulaire, dans des services publics comme l'hôpital. Ajouté à cela, se fait enten - dre le chant des sirènes, aux ordres du grand capital. C'est aussi une méthode utilisée par le patronat pour casser la lutte des salariés sachant que la grève est l'arme ultime, un sacri- fice des salariés, pour faire aboutir leurs légitimes revendications. La grève, c'est le refus pour le salarié de vendre sa force de tra - vail, seule productrice de riches- ses pour le patron, le privant ainsi de tout profit, de tout bénéfice, générés par l'exploita - tion. Or , à ce propos, il y a une ambigüité en Guadeloupe entre le droit de grève et le sacrifice conscient et uni des salariés pour imposer la satisfaction de leurs revendications. Par les méthodes de certains, on a en ef fet l'impression que la grève est menée sous l'an- gle du droit et qu'elle se ter- mine comme elle a commencé. Cette méthode entraîne aussi beaucoup de désillusions chez les salariés. La première concerne les rete- nues sur salaires comme le précise le droit car , si le droit recon - nait la grève, il permet en cont- re partie les retenues sur les salaires des grévistes. Il arrive que la négociation pour la sortie de grève soit négligée. Le coup de massue est dur pour l'organisation syndicale qui, par cette attitude, laisse libre cour à l'em - ployeur de procéder aux rete- nues sur salaires, conformé - ment au droit. C'est ce que viennent de vivre les travailleurs communaux de Morne-à-l'Eau, après la longue grève qui s'est terminée la semaine dernière. En grève depuis plusieurs semaines, ils avaient arrêté la grève à la suite d'un accord signé avec l'exécutif communal. Ils n'ont pas tardé à se remettre en grève pour protester contre les retenues sur salaire du mois de mai 2012. L'Exécutif, le maire Jean-Claude Lombion, a déjà annoncé que les jours de grève ne seront pas payés. Un nouveau bras de fer qui prend naissance ? Une chose est sûre. Cette grève commence à devenir impopulaire car, elle touche surtout une population de salariés défavorisés. Les enfants sont directement tou - chés dans l'assistance à l'école, la sécurité, la restauration scolaire. Faudra-t-il que d'autres tra- vailleurs contribuent lourde - ment encore à payer le prix des erreurs de gestion d'un conflit, aussi légitime qu'il soit, en matière de revendications des salariés ? Nous sommes arrivés dans une phase de lutte en Guade-loupe où chaque action entreprise doit tenir compte de son envi - ronnement, des effets positifs ou négatifs sur les autres couches laborieuses, afin d'éviter toutheurt. La recherche perma- nente de l'unité des Guade-loupéens, pour transformer les actions sectorielles en action de masse visant les mêmes objectifs, sans hégémonie aucune , s'avère une nécessité.