Les sargasses : où en sommes-nous ?

Après plusieurs années, pendant lesquelles elle est impactée durablement par les algues sargasses, la Guadeloupe se pose toujours la question aujourd’hui, comment s’en débarrasser ou comment en faire une valeur ajoutée pour son économie ?

Toutes les études montrent que ce sont des algues qui se sont développées sur le fond de l’eau, qui détachées par absorption de produits chimiques (type pesticides lourds), partent par nappes, au gré des courants et du vent.
Au moment de SARG EXPO, réunion internationale sur les sargasses, tenue en Guadeloupe, en octobre 2019, les scientifiques n’avaient pas pris une position déterminée sur leur origine.
Depuis cette date, les images satellites de météo France parlent d’elles-mêmes. Le fleuve Amazone (Brésil) renvoie dans les eaux internationales des quantités énormes de ces parasites toxiques. Le Gou-vernement brésilien n’a pas pris conscience des soucis environnementaux de la planète et, par voie de conséquence, la population de ce pays rejette des produits toxiques dans les cours d’eau, faute de sensibilisation quant à leurs effets nocifs.
Le temps que le Gouvernement français et les élus de la Région Guadeloupe, en charge de la coopération régionale depuis 2014, négocient avec le Brésil, nous sommes confrontés, nous, population de Guadeloupe, à ce phénomène inquiétant : l’échouement de ces algues sur notre littoral, ce qui provoque des soucis de santé publique, d’une part, à cause des odeurs nauséabondes et toxiques générées et des dégradations de matériels, d’autre part, par les gaz dégagés durant le pourrissement.
L’Etat français a eu à faire face en 1978 au naufrage de l’Amoco Cadiz, un tanker pétrolier, sur les côtes bretonnes, suivi d’une première marée noire. Ce n’était que le début d’une longue série malheureusement.
Devant l’ampleur du désastre écologique le gouvernement a créé un service POLMAR «pollution maritime accidentelle», technique et administratif, chargé de lutter contre ces catastrophes.
Les Départements français d’Améri-que (DFA) ont vu se monter, en 1985, au sein des services maritimes «phares et balises» Guade-loupe, Martinique et Guyane des centres de stockage de matériel de lutte contre les «pollutions maritimes accidentelles». Forma-tion des personnels et exercices de simulation à intervalles réguliers ont suivi.
Ils se font aider par le Centre d’étude documentation recherche et expérimentation (CEDRE), mécanisme associatif qui réagit à la demande des différents ministères : transition écologique, environnement, intérieur etc.
Le plan POLMAR est similaire au plan ORSEC dans son fonctionnement. Il est déclenché à la demande du préfet maritime et/ou terrestre par le Premier ministre. L’Etat paie tous les frais engagés avec contrôle par son personnel et se retourne contre le pollueur généralement assuré à la LLOYD.
Quand les premiers soucis d’algues sont apparus en Bretagne, et peu de temps après le phénomène des sargasses aux Antilles-Guyane, certains énarques ont cru bon de requalifier cette pollution maritime «chronique» et non «accidentelle», subtilité du langage français qui permet aux services de l’Etat de ne pas payer l’addition.
Ainsi a été créée une Société d’économie mixte (SEM) et un Centre d’études de valorisation des algues (CEVA) dans les Côtes d’Armor. Nous verrons prochainement un Groupement d’intérêts privés (GIP) managé par la Région Guadeloupe. Ce groupement qui verra le jour sous peu, aura pour mission, notamment, le contrôle et le suivi de la valorisation des algues, ainsi que le suivi des soucis de santé supportés par la population vivant à proximité des échouements.
Sources : Phares et balises ; Cellule Polmar ; DM direction de la mer ; CEDRE. CEVA ; Veille du Premier ministre