Scandale du chlordécone : quelle réponse politique ?

C’est un sujet qui hantera longtemps les esprits puisqu’on prévoit que c’est un poison très coriace, qui s’incruste pour 700 ans dans nos sols avant de ne plus avoir d’effets nocifs.

C’est ainsi que le Centre d’analyse géopolitique internationale (CAGI) pôle Guadeloupe du Laboratoire caribéen de sciences sociales (LC2S) et l’Unité mixte de recher-che (UMR ont convié la population, le samedi 18 février 2023 à une conférence dans l’amphithéâtre Lepointe, Université des Antilles et en visioconférence sur le thème : «Le scandale du chlordécone : quelle réponse politique ?».
Deux élus écologistes, Harry Duri-mel, maire de Pointe-à-Pitre et Marcellin Nadeau, député de la Martinique, ont eu à donner leurs points de vue sur la question avec comme modérateurs, Fred Réno et Julien Mérion, universitaires.
A cause d’une mauvaise qualité de transmission par visioconférence entre la Martinique et la Guadeloupe, c’est le maire de Pointe-à-Pitre qui a développé le premier le sujet.
Comme on le connaît, Harry Duri-mel s’en est allé sans langue de bois. A maintes reprises, il a posé le problème de l’implication et de la responsabilité directe des électeurs qui font le choix de leurs représentants.
Il a regretté n’avoir pas été suivi sur le terrain de l’écologie et que les électeurs ont préféré mettre en place les gens qui promettaient le plein emploi, la lutte contre le charançon et l’élimination de toutes sortes d’insectes qui pourraient nuire à la production.
Selon le maire écologiste, le problème est à la source d’un choix de société libérale productiviste résultant de la pression des lobbies, que les citoyens veulent et que les écologistes combattent.
Il affirme aussi que le problème est politique car, à l’époque de la lutte contre le charançon du bananier, des hommes politiques guadeloupéens, martiniquais, sont allés demander des dérogations pour avoir encore plus de chlordécone, pour sauver les emplois, mais aussi l’équilibre de la balance commerciale de la France.
Suite à une déclaration faite lors de l’interrogatoire du ministre Louis Mermaz, l’un des ministres qui a accordé ces dérogations, M. Duri-mel s’interroge sur l’origine et le bien-fondé des décisions prises pour l’intérêt général. L’ex-ministre ne reconnaissait pas les décisions qui étaient prises en son nom. Il a déclaré qu’elles ont été prises par les directeurs de l’administration.
Comme réponse politique, le maire de Pointe-à-Pitre invite les politiques à prendre leur place en prenant des initiatives comme lors des campagnes électorales pour mobiliser leurs populations sur la question du chlordécone. Il les invite à organiser des réunions dans tous les quartiers afin d’obtenir l’adhésion de la population pour se mobiliser ensuite contre ce non-lieu.
Pour le député martiniquais Marcel-lin Nadeau, en substance, il faut poser le problème de notre relation avec la France. La question du chlordécone est une question de réalité, il faut commencer par évaluer le préjudice.
Marcellin Nadeau s’oppose à ce que ce soit l’Etat français qui dans cette affaire évalue le préjudice. Il prône pour que l’évaluation soit faite de manière indépendante et que les outils de cette évaluation soient entre leurs mains.
Julien Mérion retient dans sa conclusion que les interventions du maire écologiste Harry Durimel et du député écologiste Marcellin Nadeau ont porté un certain nombre d’éclairages, sur le plan juridique comme sur le plan de l’action. Il retient qu’ils ont posé la question de la mobilisation, de la prise de conscience et l’intérêt qu’il y a à agir aujourd’hui.
Beaucoup de questions sont posées, par exemple : «Est-ce que le politique est bien dans son rôle ?».
D’après Julien Mérion, la vraie question d’aujourd’hui est celle de savoir si les peuples de Guadeloupe et de Martinique ont conscience d’être des peuples qui ont à revendiquer le respect de l’autre, le respect de leur droit de vivre.