Ils sont morts pour la France : l’histoire de Missak Manouchian

A une époque ou certains s’interrogent sur «l’identité française», il est essentiel de rappeler l’engagement de ces «étrangers», dont beaucoup avaient fui les pogroms antisémites en Europe. Ils n’étaient pas Français au sens de l’état-civil, mais ont combattu jusqu’à la mort pour la France parce qu’elle était pour eux non seulement un pays, mais un projet.

MISSAK MANOUKIAN LE RESISTANT COMMUNISTE
Engagé dans l’armée de la libération en soldat volontaire, Missak Manou-chian, Arménien, communiste, rejoint un détachement FTP-MOI en février 1943. Il est arrêté en le 16 novembre 1943 et condamné à mort le 19 février 1944.
Le 21 février 1944, dans la clairière du Mont Valérien, avec vingt-deux résistants étrangers, il est exécuté par les bourreaux nazis. La vingt troisième, Olga Bancic, sera déportée en Allemagne, décapitée à Stuttgart le 10 mai, le jour de son anniversaire.
Lorsqu’il s’écroule, fusillé, Mis-sak Manoukian à 37 ans. A la veille de son exécution, il écrit à sa femme Melinée, sa camarade dans le Parti : «Je m’étais engagé dans l’armée de libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la liberté et de la paix de demain… Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera pas longtemps»

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IMMORTALISES
PAR LOUIS ARAGON
Douze ans après le martyre des vingt-trois, leur souvenir s’affichèrent enfin à la une de «l’humanité», avec la publication des «strophes pour se souvenir». Trente-cinq Alexandrins, nourris des derniers mots de Manouchian et, plus tard, la voix, la mélopée de Léo Ferre pour inscrire à jamais la bouleversante épopée des FTP-MOI dans la mémoire collective :
«Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vint et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant»
NB : FTP-MOI : «Francs-Tireurs et Partisans - Main d’oeuvre immigrée»
Unité de résistance communiste fondée en avril 1942 pour conduire la guérilla en France contre l’occupant nazi