Rosane Paul : Une grande figure de la femme guadeloupéenne

Dans notre numéro 135 du 06 janvier 2005, sous le titre «Rosanne Paul, femme de convictions», nous avons brossé un tableau complet de cette Guadeloupéenne qui, durant toute sa vie, a été ce que des générations ont appelé : «une femme poto mitan».
Nous renvoyons nos lecteurs à nos archives pour cet article. Pour cette journée internationale des droits des femmes en 2023, célébrée en France chaque année, le 8 mars, nous nous contenterons d’évoquer quelques aspects de son parcours.
Née le 06 septembre 1916, elle était la sixième d’une fratrie de huit enfants, dont le père, Eustasse Colmar, exerçait la profession de charpentier et la mère, Eléonore Charlaison, sans profession.
Elle n’a pas dix-sept ans quand elle obtient son Brevet élémentaire. Amoureuse des études et déterminée à s’insérer dans la vie professionnelle, après la réussite au concours de recrutement d’infirmières en 1938, elle entre en formation à l’Institut Pasteur de Pointe-à-Pitre et commence à prendre la mesure de la détresse humaine, tant à l’hôpital Général qu’à l’hospice Saint-Jules de Pointe-à-Pitre. Une belle carrière professionnelle s’ouvre devant Rosane, confortée par son mariage, en 1940, avec Laurent Paul, infirmier également. Les relations professionnelles sont excellentes, avec tous les personnels, notamment des médecins de renoms, car, Rosanne a le sens du devoir jusqu’au bout.
Une telle prédisposition à servir conduit, naturellement, Rosane à se rapprocher, avec son mari, des fondateurs du Mouvement Communiste, dès 1944. Militante de la Section Com-muniste de Pointe-à-Pitre, elle devient conseillère municipale, lors de l’élection d’Hector Dessout, comme maire de Pointe-à-Pitre et le restera jusqu’en 1988, sous d’autres mandatures. Elle a beaucoup regretté la scission provoquée par le groupe de Jules Boisel et celle de 1991, véritable trahison, lui a causé une profonde déchirure.
Rosane n’a jamais été découragée cependant, et a toujours assumé ses tâches, avec enthousiasme, vis-à-vis du Parti Communiste Guadeloupéen, bénéficiant des enseignements d’illustres communistes tels que : Gerty Archimède, Rosan Girard, Hégésippe Ibéné, Amédée Fengarol, Paul Lacavé, Bernard Alexis, Euvremont Gène.
Militante de l’Union des Femmes Gua-deloupéennes (UFG), avec George Tarer et Charlotte Mompierre, notamment, elle contribue à l’amélioration des conditions de la femme en Guadeloupe.
Cette volonté de défendre la condition humaine et plus particulièrement celle des travailleurs, s’affiche également dans le domaine syndical, par l’appartenance de Rosane Paul au Syndicat des personnels hospitaliers.
Rosane ne s’est pas contentée d’être salariée, dévouée aux malades, défenseur des travailleurs, militante politique, épouse et mère attentionnée, militante de la condition féminine. Durant toute sa vie, elle exprimera son imaginaire et son vécu, par des vers. Dès 1954, elle participe aux «Jeux Floraux», aux côtés de Guy Cornely, Marelli, Casimir Letang. Elle a été, plusieurs fois, récompensée et a obtenu l’Hibiscus d’or.
Rosane Paul s’est avéré une grande dame qui a apporté incontestablement sa pierre à la construction du peuple guadeloupéen qui ne saurait l’oublier, depuis qu’elle a tiré sa révérence.