Posons des jalons pour la Guadeloupe de demain

La division qu’on peut qualifier d’immaturité politique a toujours su profiter au colonisateur qui ne cesse de gagner du terrain. Il ne faut surtout pas se tromper d’adversaire !

Pour sortir du joug co-lonial, le peuple guadeloupéen a besoin d’un élément fédérateur. Contrairement à ce que l’on puisse penser, beaucoup de gens travaillent dans l’ombre, à l’abri des regards et des projecteurs pour faire avancer la lutte vers la pleine souveraineté de la Guadeloupe.
Certains artistes engagés comme Patrick Saint-Eloi, le groupe Kassav, les chanteurs de gwoka, les poètes, les conteurs, et bien d’autres, ont déjà fait un petit bout de chemin pour la construction de la nation guadeloupéenne.
A cause du divorce qui existe entre les citoyens et la classe politique, certaines personnes préfèrent privilégier la filière culturelle pour faire avancer les consciences. La religion, l’école, la musique, les médias sont des outils de transformation de l’être humain et de la société.
Dans sa démarche, Sylvia-ne Telchid l’enseignante créoliste, l’avait bien compris. Le travail titanesque qu’elle a fourni durant toutes ces années, ne s’est pas limité uniquement au domaine culturel ou patrimonial. C’est surtout une démarche savamment ré-fléchie, éminemment politique qui vise à poser les premiers jalons de la nation guadeloupéenne comme ce fut le cas en République d’Haïti.
La construction de nor-mes pour l’utilisation et l’apprentissage de la lan-gue créole est un symbole fort et identitaire qui tend vers l’unité du peuple guadeloupéen, puisque la lan-gue est un véritable ci-ment de la nation.
En revanche, la pléthore de mouvements politiques dans le pays, avec des ramifications ne pourra en aucun cas panser la Guadeloupe de tous ses maux. Cela ne pourrait que contribuer à affaiblir la dynamique engagée.
La division qu’on peut qualifier d’immaturité politique a toujours su profiter au colonisateur qui ne cesse de gagner du terrain. Il ne faut surtout pas se tromper d’adversaire !
La prochaine étape devrait se porter sur les normes identitaires guadeloupéen-nes. Tout le monde revendique son appartenance à la Guadeloupe. Tous sont d’accord pour vivre sur le même territoire, partager la même culture, les mêmes moeurs, sauf que tous ne sont pas d’accord sur leur identité.