LE POUVOIR D’ACHAT: La hantise des ménages

Avec le retour de l’inflation, les revendications salariales sont à l’origine de nombreuses revendications. Dans le même temps, la notion de «pouvoir d’achat» sature l’espace politique, médiatique, syndical et le quotidien des ménages.

Le pouvoir d''achat est une réalité quotidienne pour tous les ménages. C''est aussi un outil statistique élaboré et utilisé par l''Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Ressenti au quotidien les chiffres sont toutefois souvent en décalage avec le vécu au plus près des foyers et des consommateurs. Il constitue une ligne récurrente des programmes de la totalité des candidats aux différentes consultations électorales.
Cette notion figure en effet en tête des préoccupations des Français : 41% des citations parmi trois réponses possibles, loin devant la sécurité (31%) ou l’immigration (27%), selon un récent sondage.
A QUOI CORRESPOND EXACTEMENT LA NOTION DE POUVOIR D''ACHAT ?
«Pouvoir d’achat» ! De quoi parle-t-on ? De pouvoir ? De consommation ? De revenus ? De nécessaires augmentations des salaires ? De prix ?
La question du pouvoir d’achat s’est un terme que l’on retrouve depuis longtemps dans les campagnes électorales, comme en 2007 avec le fameux mot d’ordre «travailler plus pour gagner plus». C’est une vieille notion économique qui s’est imposée dans le vocabulaire politique et syndical depuis 15 à 20 ans.
Longtemps, la revendication syndicale avait été centrée sur le mot d’ordre «d’augmentation des salaires», sans forcément associer la notion de «pouvoir d’achat». Progressivement, salaires et pouvoir d’achat ont été quasi systématiquement associés dans le vocabulaire de mobilisation syndicale...
Revalorisation des retraites et de plusieurs allocations avec effet rétroactif, hausse des loyers plafonnée pendant un an, primes salariales, dispositifs de sécurité, énergétique, prime énergie, ristournes à la pompe… Les principales mesures de la loi pour le pouvoir d''achat visent à limiter l''impact de l''inflation sur le budget des ménages n’ont eu que très peu retombée sur le quotidien. Ces dispositifs restent très ponctuels alors que les hausses s’installent dans la durée.
En réalité, le gouvernement a peu de prises sur le revenu disponible brut des ménages. Le Smic est indexé sur l''inflation mesurée pour les 20% des ménages ayant les revenus les plus faibles. Sa revalorisation périodique est effectuée sur la base de la moitié du gain de pouvoir d''achat du salaire horaire moyen des ouvriers et des employés. Le gouvernement a décidé d''un «coup de pouce» au Smic ; c''est alors un choix politique. Il portait à 2% une hausse en grande partie mécanique. Le «coup de pouce» représentait une augmentation horaire de 5 centimes d''euros. Encore une fois des miettes. Le contexte n’est toujours pas favorable à l’augmentation du pouvoir d’achat.
LES PLUS RICHES,
LES GRANDS GAGNANTS
Une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP) montrant que les 1% les plus riches ont bénéficié de la plus importante hausse de pouvoir d’achat. A l’exception des plus pauvres, tous les ménages ont vu leur niveau de vie progresser. La hausse moyenne globale pour l’ensemble des Français, lors des cinq dernières années, est d''environ 1,6%. Ces statistiques contredisent la communication du gouvernement qui répétait en boucle, que sa politique avait essentiellement profité aux plus pauvres.
«Les plus riches sont les grands gagnants, car certaines réformes mises en place durant le quinquennat d’Emmanuel Macron les ciblaient particulièrement». C’est notamment le cas de la transformation de l’ISF (impôt sur la fortune) en IFI (impôt sur la fortune immobilière) ou de la mise en place du PFU (prélèvement forfaitaire unique) sur les revenus du capital. En revanche, les ménages les plus modestes ont nettement pâti de la hausse de la fiscalité sur l’énergie et le tabac, qui pèsent davantage en proportion de leur revenu.
Les mesures prises par le gouvernement engendrent des hausses de niveau de vie qui, dans l’ensemble, sont d’autant plus importantes que le revenu des ménages est élevé. De fait, si l’on s’intéresse aux montants en euros que représentent ces hausses, les 1% les plus riches ont gagné en moyenne 3 500 euros par an grâce aux mesures prises entre 2017 et 2022, contre moins de 1 000 euros par an pour la classe moyenne et 0 euro pour les plus modestes.