RÉCOLTE CANNIÈRE 2023 Démarrage difficile

Avec l’usine Gardel du Moule, celle de Grand-Anse à Grand-Bourg de Marie-Galante et la poignée de distilleries qui existent encore au pays, la filière canne, sucre, rhum, peut encore bénéficier de beaux jours devant elle, malgré tous les aléas climatiques, économiques et politiques dont elle est victime.

Une filière aussi stratégique dans l’économie du pays, souffre trop souvent de mauvaise organisation et d’improvisation, qui est une volonté délibérée des pouvoirs publics, mais aussi de certains acteurs mal intentionnés qui vivent de la canne, mais uniquement à partir de subventions et de sommes astronomiques qu’ils peuvent engranger, au travers de mécanismes tout aussi opaques que divers.
Alors que le volume du tas de cannes semble d’après toute vraisemblance, beaucoup moins important que celui de l’année dernière, à la date d’aujourd’hui la récolte n’a toujours pas officiellement commencé.
Autrefois, au début du mois de février, déjà, était lancée la campagne sucrière, mais souvent avec des négociations inachevées sur le prix de la tonne de cannes, aussi bien pour la rémunération de la coupe et du transport, que concernant les ouvriers agricoles et les entreprises privées qui interviennent dans le secteur. Février, c’est le mois idéal pour débuter la récolte. Il existe pour la jeune génération, un marqueur historique qui vient conforter cette affirmation, c’est le rappel et la commémoration des événements sanglants du 14 février 1952 à Moule, depuis cette date et initiée par le PCG. Alors que la récolte a démarré, une grève des planteurs survient avec un épilogue tragique dans la commune où l’on dénombre trois morts sous les balles des forces de l’ordre. Les planteurs en définitive ont arraché un gain substantiel pour leur labeur.
Malgré les avancées dues aux luttes des travailleurs de la canne, le niveau de conscience quant à la nécessaire pérennité de la filière, le constat est accablant et les discussions ont du mal à se faire jour pour un démarrage correct de la campagne. Cette situation, n’est bonne ni pour le planteur, ni pour l’usinier et encore moins pour l’économie du pays. La longue tradition de la culture de la canne en Guadeloupe a démontré incontestablement que la période de février à avril demeure la plus propice pour extraire le sucre de la canne. A partir de la mi-mai, le cycle de la canne change et les premières pluies commencent, ce qui est préjudiciable pour tous.
S’agissant des fameuses NAO de branche pour 2023 (Négociations Annuelles Obligatoires) il n’a fallu pas plus de neuf réunions pour parvenir à la signature d’un accord entre : la CGTG, l’UGTG les syndicats patronaux représentés par l’ASSOCANNE et le SRIG.
Se posent toujours les préoccupations principales des planteurs, liées à la juste rémunération de la tonne de cannes en tenant compte de tous les nombreux sous-produits qu’on en tire. Autre fait marquant, lié aux négociations en cours, c’est le coefficient d’extraction du sucre par l’usine. Là, le planteur fait le constat qu’il perd de l’argent. C’est-à-dire par rapport au volume de cannes livrées en comparaison avec la quantité de sucres produits par l’usinier, la différence est énorme en termes de pourcentage. Le mode de calcul de la canne à la richesse est dépassé et doit être revu en corrélation avec les performances techniques de l’usine. C’est cette question qui constitue la pierre d’achoppement aujourd’hui, dans les discussions préalables à l’ouverture de la campagne.
On se rappelle qu’il a fallu se battre également pour que les planteurs obtiennent une petite compensation pour la bagasse qui sert de combustible à l’usinier et dont le surplus est vendu à Albioma qui gère la centrale thermique du Moule couplée à l’usine Gardel.
Rien ne se gagne sans la lutte !