Faut-il reconsidérer les dépenses des campagnes électorales ?

A l’ère où les moyens de communication permettent, en temps réel, la diffusion dématérialisée de l’information, il est opportun de conduire la réflexion sur le financement des campagnes électorales en général.

Il faut rappeler que, jusqu’en 1988, les partis politiques, pour leur fonctionnement, et les candidats aux différentes élections, ne pouvaient se référer à aucune loi précisant les modalités de ce financement. Une telle lacune leur permettait des dérives de toutes sortes, allant jusqu’à la corruption, les détournements de fonds et les malversations, l’enrichissement, et ne les plaçait pas non plus sur un plan d’égalité de traitement.
Afin de moraliser la vie politique, en général, et assurer la transparence, de nombreuses dispositions législatives, perfectionnées depuis 1988, ont été adoptées. Il convient aux partis politiques et aux candidats de s’y reporter scrupuleusement pour éviter de tomber sous le coup de la loi, ce que l’on n’arrête pas de déplorer.
A chaque campagne électorale, même au plus haut niveau de l’Etat, des candidats aux élections se voient traduire devant les tribunaux, pour non respect de ces dispositions, par l’utilisation de toutes sortes de stratégies pour contourner la loi. La Guadeloupe n’est pas épargnée.
DES PRATIQUES TRADITIONNELLES DÉLÉTÈRES
En effet, traditionnellement, la tendance lors des campagnes électorales plus particulièrement, consiste pour les candidats, à multiplier les procédés pour convaincre le peuple sur leurs promesses électorales et leur hypothétique capacité à gérer les différentes collectivités. Il s’ensuit que, l’aide de l’état, les dons de particuliers dans la légalité ne suffisent pas pour couvrir les frais démesurés de propagandes, par le biais de différents supports et manifestations : affiches électorales, tracts, sonorisations, locations de salles de permanence équipées d’outils multi média et de voitures durant toute la campagne, confection à profusion de vêtements, de gadgets et de banderoles de propagande pour appâter les électeurs, recrutement d’un conseiller médiatique en communication qui n’hésite pas à faire de la surenchère pour se garantir une très forte rétribution, conférences festives avec «bwè et manjé», caravanes d’information, et la liste n’est pas exhaustive. Selon l’élection, des dizaines de milliers voire de millions d’Euros partent ainsi en fumée, alors qu’ils pourraient être utilisés pour l’amélioration des conditions des travailleurs dans les entreprises et des plus déshérités, pour réduire le taux de chômage et la délinquance. D’où provient cette masse d’argent, quelle que soit la conjoncture économique ? C’est bien pour en rendre compte que des candidats, élus ou non, peuvent se retrouver devant les différentes instances appelées à faire la lumière sur leur compte de campagne qui ne doit pas dépasser un plafond fixé réglementairement à l’avance.
IL FAUT ARRÊTER CE
GASPILLAGE ET FAIRE PREUVE DE TRANSPARENCE
Ce gaspillage inconsidéré, dans le seul but de paraître, ne donne aucune assurance sur la capacité de leurs auteurs à l’administration et la gestion qu’ils sollicitent. Il doit cesser. Cela passe par un changement profond des mentalités et des habitudes individuelles. Cela passe également par une réforme des dispositions législatives qui garantissent aux candidats le remboursement forfaitaire des dépenses de compte de campagne, à condition d’avoir pu convaincre un certain pourcentage de l’électorat. En un mot, il s’agit d’inciter à dématérialiser tous ces supports qui, aujourd’hui, permettent aux candidats de communiquer avec les électeurs. L’état devrait alors ne prendre en charge que le matériel ayant un rapport direct avec le scrutin, les bulletins et les enveloppes, par exemple.
Car, il est incontestable que, depuis très longtemps, tous ces procédés électoraux ne font plus recettes, l’électorat pouvant disposer de l’information sur tout ce qui se passe dans le monde, pour se positionner, lors des élections. D’autre part, les conférences électorales traditionnelles, quelle que soit la forme, n’attirent plus grand monde et les candidats se retrouvent toujours à prendre la parole devant une assistance réduite à quelques camarades du parti ou de l’organisation politique. En outre, ce sont des manifestations qui dérangent le plus souvent le voisinage, plus intéressé par ses émissions de télévision ou de radio et à qui on ose souvent demander de baisser le volume de leurs appareils, pour entendre la «bonne parole».
Il conviendrait donc, pour tous ceux qui aspirent à un mandat politique, de revoir désormais leurs modalités de diffusion de l’information, en direction des citoyens. L’utilisation de la messagerie électronique, laquelle est de plus n plus imposée, les réseaux sociaux qui s’affirment de plus en plus dans les activités quotidiennes de la masse, permettraient aux candidats de diminuer considérablement ces dépenses de campagne et à l’Etat de faire un usage plus raisonnable de l’argent des contribuables. Ce message doit être entendu.