PARTI COMMUNISTE GUADELOUPÉEN (30 mars 1958 - 30 mars 2023) Un Parti communiste pour les tâches de la révolution nationale démocratique anti-impérialiste

Des jeunes ouvriers et intellectuels guadeloupéens ont doté, depuis 1944, il y a 79 ans, cette année les travailleurs guadeloupéens d''une organisation politique propre pour la défense de leurs droits dans les entreprises et dans la société. Ce groupement, fortement imprégné de l''expérience de ces hommes dans la résistance au fascisme, de leur fréquentation du syndicalisme ouvrier et de quelques connaissances de la révolution socialiste en URSS, a pris le qualificatif communiste et s''est affiché comme le guide de la lutte d''émancipation des opprimés et des exploités en Guadeloupe. Devenu Parti Communiste Guadeloupéen, le 30 mars 1958, il y a 65 ans, aujour-d''hui, cette organisation des travailleurs continue à lever le drapeau de la révolution nationale démocratique anti-impérialiste et de l''émancipation humaine.
LE POIDS HISTORIQUE
DU PARTI COMMUNISTE
Le Parti Communiste Guadelou-péen est la première organisation politique de classe créée en Gua-deloupe et sans aucune demande ou directive extérieure. Il est le produit du génie propre des Guadeloupéens.
Depuis 79 ans, le mouvement communiste structure, sans éclipse, la vie économique, sociale, culturelle, politique de la Guadeloupe.
Créée en pleine guerre, dans un pays agonisant sous les bottes du gouverneur Sorin, représentant le régime de Vichy, un pays ravagé par la misère, la malnutrition, les maladies endémiques, l''analphabétisme, la corruption organisée par les profiteurs de guerre, la jeune organisation communiste s''est fixée comme tâches : la défaite du fascisme, le respect des droits démocratiques, l''éradication de l''indigénat, en déployant la position tactique de la lutte pour l''égalité des droits. Dans ce combat, il a remporté d''importantes victoires qui ont redonné à l''homme guadeloupéen sa dignité.
Après le vote de la loi de départementalisation de 1946 qu''il a soutenue, le Parti s''est rendu compte, dès 1953, d''une part, que le pouvoir français, sous la pression du lobby du sucre, tergiversait pour appliquer les lois sociales promises et, d''autre part, que la démarche assimilationniste était vouée à l''échec.
Poursuivant sa réflexion, il a posé, en 1958, un diagnostic clair, jusqu''à ce jour inattaquable, sur l''état de la Guadeloupe à savoir, que les rapports qui régissent les relations entre la Guadeloupe et la France sont des rapports coloniaux avec la dominance du côté français et que c''est dans ces rapports qu''il faut rechercher les causes des retards dans le développement du pays. Sur cette base, les Com-munistes procédaient à deux actes majeurs : la création d''un Parti Communiste Guadeloupéen indépendant et la revendication d''un Statut d''Autonomie, en Union avec la France.
Après la lutte pour l''égalité des droits, c''est le deuxième apport historique du Parti à la lutte du peuple guadeloupéen pour sa totale émancipation.
Sur cette stratégie et malgré les désertions des premières heures (Raymond Guillod, Nathalien Etna), le Parti remporta des grands succès, notamment électoraux. En 1983, le Parti représentait 23% des suffrages aux élections régionales, et s''imposait comme incontournable dans toute discussion sur l''avenir de la Guadeloupe. Il faut donc apprécier correctement tous les paramètres qui ont contribué à la perte d''influence que connaît le Parti actuellement.
Par-delà l''opposition radicale du pouvoir colonial et de ses alliés, les mutations économiques et sociales intervenues dans le pays, le brouillage de la perspective communiste avec la disparition du camp socialiste, il y avait des dynamiques internes qui préparaient, en partie, la perte d''influence du Parti et le recul organisationnel que nous connaissons en ce moment.
Certains cas n''ont jamais été réellement traités dans les instances du Parti (Yvon Leborgne, Rosan Girard). D''autres ont fait l''objet de règlements statutaires par l''exclusion : c''est le cas des expulsions, en 1966, des signataires de l''Appel «Nous prenons position», groupe auquel appartenaient notamment, Jules Boisel, Eugène Plumasseau, Paul Tomiche, Arsène Monrose. En outre, il faut surtout souligner que le Parti n''a pas su ou n''a pas pu anéantir la dérive électoraliste qui le minait de l''intérieur et qui a conduit à la violente scission opérée par les déserteurs de la Section Communiste de Pointe-à-Pitre, en 1991. Cette attaque a été la plus nocive parce qu''elle s''est camouflée derrière l''effondrement des pays socialistes de l''Europe de l''Est pour régler un antagonisme larvé depuis au moins 1971, sur la stratégie du Parti et qui s''est accentué, à partir de 1984, quand le Parti a introduit le droit du peuple guadeloupéen à l''indépendance, dans son mot d''ordre. Le docteur Dominique Larifla, ex-président du Parti «Guadeloupe Unie Socialisme et Réalités», ex-président du Conseil général de la Gua-deloupe, a confirmé notre analyse en déclarant sur les écrans de Guadeloupe la 1ère, que la scission au PCG date de 1982-1984, bien avant la création du PPDG, en 1991.
La situation d''aujourd''hui qui ne peut en aucun cas être considérée comme la fin programmée du Parti, ne peut empêcher de reconnaître la contribution exceptionnelle du Parti à la prise de conscience des travailleurs guadeloupéens qu''il a fait passer d''une classe en soi à une classe pour soi.
(Tiré du document d’orientation
du XVe Congrès du PCG Les 6 - 7 et 8 mai 2016)