Émouvantes retrouvailles : Angela Davis, Aaròn Gamaliel Ramos, Gerty Archimède

Aaròn Gamaliel Ramos titulaire de la Chaire du Département des Sciences- Sociales de l'Université de Puerto-Rico participait à la 37eConférence annuelle de l'Association d'Études Caribéennes du 28 mai au 1erjuin 2012 au Gosier.

A aròn est l'un des memb- res de la délégation des jeunes caribéens et américains dont Angela Davis, retenus par les autorités sur le port de Basse-T erre alors que sur un navire marchand cubain ils revenaient de Cuba, en route pour Puerto-Rico. Solidarité internationale communiste oblige, pour leur sécurité ils avaient comme contact en Guadeloupe, le Parti Communiste Guadeloupéen, et plus particulièrement à Basse-Terre le nom d'une avocate communiste guadeloupéenne : Gerty Archimède. Alertée par des pêcheurs, Gerty est intervenue, les a fait libérer et lever la confiscation de leurs livres et documents. Samedi 02 juin 2012, avant son départ pour Puerto-Rico, Aaròn accompagné de son épouse a tenu en hommage à Gerty et commémorer leur histoire commune, à faire le pèlerinage sur le port de Basse-Terre, à la statue de Gerty sur le front de mer, en passant devant le tribunal de Basse- Terre, après s'être rendu au Musée Gerty Archimède rue Maurice Marie-Claire. Le Président de l'Association des Amis du Musée Gerty Archimède, Guy Bernos, alerté par Guy Daninthe l'a accueilli avec chaleur et lui a fait un exposé documenté sur la vie et l'œuvre de Gerty Archimède. Á noter qu'Huguette Daninthe a animé l'association Angela Davis aux côtés du Maître Ulysse Laurent. Aaròn Gamaliel Ramos a filmé l'exposé de Guy Bernos, des ima- ges du musée, notre témoignage et celui d'une doctorante, Sophie Brudey qui a relaté l'aventure dans un mémoire de Master 2 sur «Les relations entre Cuba et la Guadeloupe (Département Français d'Amérique) 1960-2008». Ce film sera transmis à Angela Davis qui prépare une prochaine visite à la Guadeloupe. Angela Davis précise dans son ouvrage autobiographe (Davis, Angela, autobiographie, Paris, Albin Michel, 1975. 344 pages). « Grâce aux contacts du capitaine, quelques Cubains sympathisants qui habitaient l'île, nous rencontrâmes une femme noire, avocat respecté et dirigeante du Parti Communiste de la Guadeloupe. Maître Archimède était une grande femme à la peau sombre, aux yeux vifs et au courage indomptable. Je n'oublierai jamais notre première rencontre. Je sentis que j'étais en présence d'une très grande dame. Pas un instant je ne doutai qu'elle allait nous sortir de notre mauvaise posture. Mais j'étais tellement impressionnée par sa personnalité, le respect qu'elle attirait à elle en tant que communiste, même de la part des colonialistes que, notre problème me parut secondaire. Si je n'avais écouté que mes désirs, je serais restée sur l'île pour tout apprendre de cette femme. Les jours suivants, elle négocia opiniâtrement avec les douaniers, la police, les juges. Nous apprîmes qu'il existait une loi qui pouvait être légitimement invoquée pour nous envoyer en prison pour un bout de temps […] Les colonialistes nous autorisaient à quitter l'île à condition que les Portoricains abandon- nent leurs livres. Bien sûr, nous protestâmes, mais nous avions au moins remporté la première manche de la bataille. Notre déci - sion finale fut de prendre les pas - seports, de quitter la Guadeloupe, et laisser la question des livres aux mains de Maître de Archimède, qui promit de faire tout son possible pour les récupérer . Nous remerciâmes Maître Archimède d'une façon peu cérémonieuse. Nous étions triste de la quitter , de quitter la femme qui nous avait reçus dans son hôtel, le capitaine cubain et l'équipage du bateau. Puis, nous fî mes route vers l'autre bout de l'île, Pointe-à-Pitre, où nous prîmes le lendemain matin un avion pour Porto-Rico. De là, les Américains nous ramenèrent à New-Y ork». La visite s'est poursuivie au Matouba Saint-Claude, à la stèle érigée par Rémy Nainsouta à la mémoire de Delgrès et de ses compagnons qui se sont sacrifiés pour notre liberté au cri de «V ivre libre ou mourir» auquel fit écho le «Patria o muerte vinceremos» des barbudos cubains. Elle a continué aux Bains-Jaunes de la Soufrière. Le parcours sous le sceau de la solidarité de combats, pour l'émancipation des peuples de la Caraïbe a é té empreint d'é - motion et de manifestations, de camaraderie communiste. Entretenues et par les années de rencontres dans notre Caraïbe.