RÉCOLTE 2023 : Le coup de gueule des planteurs

Nous sommes déjà au mois d’avril et la récolte cannière 2023 n’a toujours pas commencé. Cela est inconcevable pour une production dont le poids dans l’économie du pays n’est plus à démontré. Cette situation est-elle voulue, entretenue ou circonstanciée ?

Un collectif de planteurs mobilisé depuis mercredi 5 avril, constitue un barrage devant l’usine de Gardel pour empêcher toute livraison de cannes, s’ils n’ont pas une réponse précise par rapport à leur juste rémunération de la tonne de cannes, qu’ils estiment aujourd’hui à près de 150 euros.
Une chose est sûre, cette filière stratégique dans sa partie tant agricole qu’industrielle souffre trop souvent de la division des différents intervenants de la profession. Visiblement, lors de la signature de la convention cannes, tous les partenaires n’étaient pas autour de la table ou pas suffisamment défendus, pour permettre aux planteurs de trouver leurs comptes.
De plus en plus dans les conflits longs et durs qui se font jour dans le pays et surtout au niveau des secteurs stratégiques, se pose souvent la nécessité d’une centrale unique des travailleurs pour porter leurs revendications, face aux patrons, aux pouvoirs publics et à l’Etat. En pays colonisés cette question doit être au coeur des préoccupations

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Après plusieurs réunions et séances de travail avec les partenaires sociaux et les représentants des usiniers sur la signature des NAO (les Négociations annuelles obligatoires), un accord a pu être trouvé, à la fin du mois de mars. Faut-il rappeler que, sans cet accord aucun démarrage de la campagne ne peut être envisagé, car ce sont les ouvriers industriels qui ont la clé de l’usine.
Au même moment sont menées les discussions qui ont lieu tous les cinq ans, sur la nouvelle convention-cadre qui est appelée à régir la filière pour la période de 2023 à 2028. Samedi 1er avril, autour du préfet, du président du Conseil régional, du président du Conseil départemental et les acteurs de la filière, un accord in extrémis a été signé, fixant le prix plancher de la tonne de cannes, c’est-à-dire pour une richesse de neuf à 109,08 euros au lieu de 84,33 euros, soit 30% d’augmentation en Guadeloupe continentale et de 39% à Marie-Galante, soit 99,59 euros au lieu de 71,84 euros, par rapport à l’année dernière. Tenant compte de l’inflation, cette augmentation ne couvre en rien les nombreuses dépenses et frais en tout genre auxquels les producteurs font face, tel le transport, le prix des engrais, des herbicides et autres intrants et prestations dont ils n’ont pas la maitrise des coûts sur le marché et indispensables à la profession.
Dans cette situation de crise alors que le climat s’y prête pour un bon déroulement de la campagne, est-on reparti pour un tour supplémentaire ? Les jeunes agriculteurs réclament un audit sur le prix de la tonne de canne et d’être présents à la table des négociations.
On ne cessera jamais de dire que ce pan important de notre économie qui concerne aujourd’hui, la filière canne, sucre, rhum et dorénavant l’énergie ne doit aucunement être victime de tergiversations et de tâtonnements de la part des pouvoirs publics.