Le bénévolat : Une nécessité en Guadeloupe
Le bénévolat, un concept qui revient fort souvent dans les conversations en Guadeloupe. On aurait pu penser que les Guadeloupéens sont particulièrement enclins à cette forme de manifestations humanitaires qui a pour objectif de faire un «travail», sans aucune rémunération.
Qu’on ne confonde surtout pas la solidarité et le bénévolat, même si ces deux concepts sont étroitement associés. «Le bénévolat est un don de soi librement consenti et gratuit. Il occupe une place spécifique dans la société civile, complémentaire et non-concurrentielle au travail rémunéré». C’est un service généralement répétitif ou continuel qui peut se prolonger durant des décennies, avec pour seule satisfaction d’avoir fait du bien à autrui, dans l’esprit qu’enseignent certaines religions : «Aime ton prochain comme toi-même».
AU REGARD DE LA SOCIÉTÉ GUADELOUPÉENNE,
QUELLE PLACE OCCUPE
LE BÉNÉVOLAT ?
S’il est vrai que la solidarité guadeloupéenne n’est pas un vain mot dans des circonstances particulières, notamment lors de grandes catastrophes, cyclones, incendies, naufrage etc…, on ne saurait en dire autant du bénévolat qui demande un don de soi, librement consenti et gratuit. Il peut mettre en relation, de façon non contractuelle, le bénévole et celui ou ceux qui en sont les bénéficiaires
. Mais, il peut aussi se réaliser dans un cadre associatif contractuel et c’est précisément cet aspect qui est concerné par nos propos.
En effet, outre les associations et groupements carnavalesques, tous les responsables d’associations se plaignent de la difficulté de trouver des bonnes volontés pour mener à bien le but fixé par les statuts. Trouver des adhésions spontanées dans le domaine culturel, sportif, humanitaire, sanitaire ou autres, est de plus en plus une véritable gageure. Assez souvent la réponse : «An pa ka fè ayen pou ayen». Je ne travaille pas gratuitement. Et pourtant, des générations ont connu cet instinct naturel dans la communauté guadeloupéenne, à servir, aider, apprendre, sans rien attendre.
C’est dire que l’individualisme, l’égocentrisme, l’amélioration des conditions d’existence, bref, l’élévation du niveau social, a conduit à préférer «le paraître» à «l’être», en oubliant que nul n’est à l’abri d’un besoin d’assistance. «Tantôt, tantôt !», nous enseignaient nos parents et grands- parents. Et c’est bien cette volonté de «paraître», de se faire voir, qui permet aux manifestations festives, à l’instar du carnaval, de faire le plein de bénévoles dans leurs ateliers et déboulés.
Le bénévolat est d’une grande souplesse car non définie par la loi. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE), l’a précisé, le 28 juin 2022 : «Le bénévolat est l''action de la personne qui s''engage librement, sur son temps personnel, pour mener une action non rémunérée en direction d''autrui, ou au bénéfice d''une cause ou d''un intérêt collectif».
LE BÉNÉVOLAT
EN GUADELOUPE : UNE NÉCESSITÉ QUI S’AFFIRME DE PLUS EN PLUS
La population de la Guadeloupe vieillit, nous enseigne l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Des compatriotes sont de plus en plus isolés et découverts décédés après plusieurs jours. D’autres sont atteints de maladies dégénératives et ne bénéficient d’aucune présence au quotidien, ni même d’une visite du voisinage.
Qu’il nous soit pe
rmis cependant de saluer tous ceux qui continuent, sans désemparer, à faire oeuvre de bénévolat en Guade-loupe ! Hommage leur est rendu chaque année publiquement et solennellement par le «Cercle national des bénévoles», dont la déléguée régionale est madame Germaine Chicot-Marcin.
Cette manifestation a eu lieu cette année à Petit-Pérou Les Abymes, dans l’amphithéâtre d’une grande banque locale. Sur 47 départements ou régions français ayant proposé des bénévoles pour être médaillés, la Guadeloupe occupe la première marche du podium, avec neuf médailles d’argent, onze médailles d’or et huit médailles vermeil. Des récipiendaires qui ont oeuvré dans pratiquement tous les domaines humanitaires, durant de nombreuses années, voire des décennies, dont le plus ancien, monsieur Raphaël Basile Guy Laurent de la ville de Les Abymes totalise plus de 70 ans de bénévolat.
La Guadeloupe ne peut que remercier profondément ces hommes et ces femmes au service de l’humain qui ne savent pas ce que demain leur réserve. Félicitations à Madame Germaine Chicot-Marcin pour sa vigilance et sa détermination à faire reconnaître l’engagement des bénévoles de la Guadeloupe. Nous formulons le voeu que chacun prenne la mesure de la nécessité de s’engager bénévolement pour sortir la Guadeloupe du marasme économique et se préparer à une entraide toujours plus volontaire dans une Guadeloupe vieillissante.