Le colloque du Parti communiste français sur l’Outre-Mer

Au siège du Parti Communiste Français à Paris, s’est tenu le 29 mars 2023 un colloque sur le thème : «Un droit des Outre-mer au service du développement et de l’égalité».

Avec les militants et les élus du PCF, de nombreux parlementaires des pays dit «Outre-mer» ont participé à ce colloque : Karine Lebon, Jean-Hugues Ratenon et Frédéric Maillot, députés de La Réunion ; Marcellin Nadeau et Jiovany William, députés de la Martinique ; Jean-Victor Castor et Davy Rimane, députés de la Guyane. Les parlementaires socialistes de la Guadeloupe : Elie Califer, député et Victorin Lurel, sénateur, étaient également présents.
Ce n’était pas simplement un conclave d’élus, car les Partis communistes des «Outre-mer» : Le PCM avec son Secrétaire général Georges Erichot et le rédacteur en chef du journal Justice Michel Branchi ; le PCR avec le maire communiste de Sainte Suzanne, Maurice Gironcel ; le PCG avait délégué son Secrétaire général Félix Flemin et le directeur du journal Nouvelles-Etincelles Christian Celeste.
Les débats se sont déroulés dans quatre tables rondes sur des thématiques portant sur la situation dans les pays concernés et les rapports de la République à l’Outre-mer :
Table ronde 1 : La départementalisation, 75 ans plus tard
Table ronde 2 : Nouveaux défis, nouvelles approches
Table ronde 3 : La République décentralisée et ses déclinaisons dans les Outre-mer
Table ronde 4 : Pour un droit réel à la différenciation
Les réflexions, analyses et expertises introduites dans les tables rondes par les personnes ressources de haute compétence ont largement contribué à la richesse de ces travaux.
Le professeur Justin Daniel de l’université des Antilles a démontré avec clarté dans l’atelier que la départementalisation était dans l’impasse aux plans socio-économique, politique et culturel.
Placée à l’ouverture du colloque, la contribution qui incontestablement a «remis les pendules à l’heure» et a placé le colloque sur une trajectoire de démystification, c’est celle présentée par Corinne Mencé-Caster, professeur de linguistique hispanique et romane à l’université de la Sorbonne sur une question au coeur du système politique français : «Outre- mer, une relation à interroger». Des son introduction, elle pose les questions clés : L’Outre-mer dit-elle signifie «au-delà des mers». De quel «au-delà» s’agit-il et d’après quelle orientation, étant donné que la mer n’est pas orientée ? L’Outre-mer, c’est par où ?
Ce qu’elle dit dans sa conclusion est tout un programme : «S’appeler soi-même ou accepté d’être dénom-mé «ultramarin(e), «ultrapériphérique», «représentant de la diversité» etc., c’est rester dans le jeu colonial, ou la norme qui ne dit pas son nom, le standard, le neutre, la mesure-étalon, sont encore et toujours le colon, le maître, le blanc, la Métropole. C’est perpétuer les représentations imaginaires d’un monde stratifié autour de centres légitimes et de périphéries illégitimes, mais tolérées car, en voie de civilisation».
Cette contribution basée sur une analyse linguistique rigoureuse a balisé la ligne de fond du débat : la réalité d’un colonialisme qui ne dit pas son nom, planqué sous le vocable de la République.
Il ne s’est trouvé aucun expert, aucun élu, aucun militant pour défendre la départementalisation, la décentralisation, la différenciation dans la République française. Placé sur cet orbite, Fabien Roussel, le Secrétaire national du PCF, ne pouvait manquer de s’interroger : la République a-t-elle apporté légalité ?
En se prononçant pour une «refondation» des rapports entre l’Etat et lesdits «outre-mer», il prenait acte que la départementalisation était dans l’impasse et qu’il fallait passer à autre chose.
Voila pourquoi, il a repris pour le compte du PCF, la proposition des élus et des Partis communistes des «outre-mer» de convoquer une convention bis de Morne Rouge.