La gauche chilienne fait adopter la semaine des 40 heures

Elu en décembre 2021, Gabriel Boric a défendu pendant sa campagne un programme social sur la revalorisation des retraites, la réduction du temps de travail et le progrès social.

Lentement mais sûrement, Gabriel Boric, plus jeune dirigeant de l’histoire du Chili, met ses promesses électorales en oeuvre. Le Parlement chilien a définitivement adopté mardi 11 avril une loi visant à passer à la semaine de 40 heures, contre 45 jus-qu’alors. Cette réduction du temps de travail sera mise en place progressivement au cours des cinq prochaines années.
Le projet de loi, déjà voté par le Sénat fin mars, a été approuvé par la Chambre des députés avec 127 voix pour, 14 contre et 3 abstentions. Soit un soutien quasi unanime de la droite et de la gauche, ce qui est peu fréquent dans le Parlement chilien, où les députés ont tendance à se quereller. En 2017, la mesure avait été rejetée par l’opposition de droite au Parlement.
Le président Boric s’est félicité sur Twitter de pouvoir «enfin célébrer […] un projet qui vise de meilleures conditions de vie pour tous». Selon lui, «des améliorations telles que les 40 heures sont indispensables pour nous rapprocher d’un nouveau Chili, plus juste, et d’une vie plus épanouie».
Retraites, santé, éducation, environnement : Gabriel Boric a défendu pendant sa campagne présidentielle de 2021 les revendications du soulèvement d’octobre 2019, promettant de remettre en cause le modèle néolibéral hérité de la dictature du général Pinochet (1973-1990).
UN CONTINENT ADDICT AUX 48 HEURES
De fait, très peu de pays d’Amérique latine ont mis en place la semaine de 40 heures. Le Chili rejoint ainsi l’Equateur et le Venezuela. Le temps de travail hebdomadaire est de 48 heures en Argentine, en Bolivie, en Colombie, au Costa Rica, au Mexi-que, au Nicaragua, au Panama, au Paraguay ou encore au Pérou. Et de 44 heures au Brésil.
Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’Amérique latine est l’une des régions du monde où le temps de travail annuel est le plus important et où l’économie informelle est la plus élevée. Au Chili, 27,3 % de la main-d’oeuvre officie dans le secteur informel, c’est-à-dire non déclaré et donc non soumis à l’impôt.
La nouvelle loi, qui doit être promulguée par le président Boric, sera mise en oeuvre progressivement. D’ici un an, la semaine de travail sera abaissée à 44 heures, puis 42 heures au cours de la troisième année de mise en oeuvre, et enfin 40 heures au bout de cinq ans, sans réduction de salaire.