Diagnostic des Assises professionnelles de la mobilité solidaire

Trente ans après la Loi n°93-122 du 29 janvier 1993, plus communément appelé loi Sapin, la Guadeloupe est toujours à la recherche d’un service de transport adapté pour desservir tout son territoire, c’est-à-dire d’assurer la continuité territoriale de tout l’archipel.

C’est ainsi que le mardi 18 avril 2023, le représentant de l’Etat et le président de l’Assemblée départementale ont conjointement organisé les «Assises professionnelles de la mobilité solidaire» sur une journée au World Trade Center à Jarry Baie-Mahault. A ces Assises professionnelles, a été présenté les résultats d’un diagnostic territorial réalisé en 2022.
Ces travaux ont été réalisés par l’association Solidarités SOS, retenue suite à l’appel à projet lancé dans le cadre de la stratégie de prévention et de la lutte contre la pauvreté. A ces Assises, le résultat des travaux ont été présentés aux différents partenaires.
A l’issue de la présentation de l’étude, quelques personnes triées sur le volet ont témoigné des carences rencontrées pour aller travailler, pour répondre à une formation, pour aller consulter un médecin ou visiter un parent malade… La situation est encore plus rocambolesque pour ceux qui habitent dans les îles du Sud.
En dehors des zones urbaines où le transport est mieux organisé, pour ceux qui habitent en zones rurales ou dans les zones un peu plus retirées, c’est le parcours du combattant. En plus des difficultés rencontrées avec la réforme de la Loi Sapin, le coût financier pour se déplacer d’un point à un autre est exorbitant. Selon les besoins de l’usager, il peut avoir à faire plusieurs changements de lignes, et à des coûts différents. Les familles nombreuses qui sont déjà frappées par la précarité en font les frais.
Pour les organisateurs, à travers cette opération, l’objectif est de lutter contre l’exclusion et de favoriser le retour à l’emploi des personnes les plus en difficulté.
Comme toujours, les solutions qui sont proposées sont multiples, mais ne tiennent pas toujours compte des réalités propres à la Guadeloupe.
Proposer des services solidaires comme l’autopartage social, qui consiste à mettre à disposition de plusieurs conducteurs une voiture ou un véhicule utilitaire ou encore le covoiturage professionnel, nécessite un changement en profondeur des mentalités de toute la société guadeloupéenne. Ce sont peut-être des mesures qui fonctionnent ailleurs, en France ou en Europe.
Quand bien même, il faut passer par un guichet unique pour être mis en relation avec un correspondant, avec tout ce que l’on entend de nos jours ces modes de déplacements ne sont plutôt pas rassurants. D’autre part, le Guadeloupéen a un rapport bien particulier avec son bien matériel et un fonctionnement singulier à la sortie de son travail.
Le cas de la mobilité dans les îles du Sud a été posé, notamment à Marie-Galante qui pour l’heure, ne connait aucune étude diligentée.
Une fois de plus, il y a une forte demande pour le bus de mer par les usagers, leur mise en place participerait à la création de plusieurs emplois et contribuerait bien sûr à la fluidité du réseau routier.
D’autre part, le nombre d’accidents sur les routes irait en décroissant et ce serait un gain de temps sur le trajet pour les passagers. Pour l’instant, la Guadeloupe est dotée de 4 gares routières pour 32 communes et de 4 gares maritimes pour une façade littorale de 555 km.
Les organisateurs ont invité les participants à faire des propositions pour compléter le rendu à travers les quatre ateliers qui se sont déroulés dans l’après-midi.
Plusieurs thèmes étaient en débat : «Quelle gouvernance pour la mobilité inclusive en Guadeloupe ?», «Quelles priorités de l’offre de mobilité solidaire durable ?» «Comment inclure la mobilité dans tous les parcours d’insertion ?», Quels accompagnements pour les autres publics fragiles (séniors, handicapés, îliens, ruraux ?».
L’organisation de ces Assises de la mobilité solidaire est une initiative très louable. Cependant, l’attente est grande pour les professionnels et les usagers. Espérons que ce n’est pas une grande messe une fois de plus.
Le public visé est en droit d’attendre des engagements de la part de ceux qui ont en main la destinée du pays et de réels changements pour apaiser leur souffrance en termes de mobilité sur tout le territoire.