Le «Prix»
En ce moment il est sur toutes les lèvres et dans toutes les conversations. Omniprésent dans l’actualité et dans notre quotidien, l’inflation que l’on définit comme la perte du pouvoir d''achat de la monnaie et qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix, n’a cessé de croître ces dernières années.
Selon l’Insee en décembre 2022 en Guadeloupe, les prix à la consommation augmentent de 1,1% par rapport au mois précédent. Cette hausse concerne tous les secteurs. Les prix de l’énergie augmentent fortement (+ 5,3%). Les prix des services et des produits manufacturés sont en hausse (respectivement + 1,1% et + 0,6%) tandis que les prix de l’alimentation sont stables (+ 0,2%). Sur les treize derniers mois, les prix ont augmenté de 4,7% en Guade-loupe contre 6,1% pour l’ensemble de la France 1.
Facteur déterminant dans nos choix de consommations en tant qu’a-gent rationnel selon la théorie de l’«homo oeconomicus» néoclassique défendue par Garry Stanley Becker 2 (1930-2014). Le prix ou du moins sa formation demeure incomprise par la masse des consommateurs. Politiques et Economiste se contredisent souvent et rejettent les responsabilités au marché.
Toutefois, que ce soit la crise sanitaire ou la guerre en Ukraine (à plus de 8799 km de la Guadelou-pe) face à cette flambée des prix et son évolution constante, on est en droit de se demander quelles sont les facteurs qui déterminent la formation d’un prix ?
Le prix, selon une définition apportée par le dictionnaire Larousse, représente la valeur d’échange entre la monnaie et un bien ou un service. Autrement dit, c’est l’argent qu’on accepte de céder pour obtenir en échange un bien ou un service. En d’autres termes, un prix se décompose à partir d’autres prix qui eux-mêmes dépendent d’autres prix. Vous l’auriez compris, l’interdépendance entre les acteurs économiques et le marché ainsi que les prétentions commerciales des vendeurs / revendeurs influencent le prix de vente proposé au consommateur final. Le prix est, selon les principes du marché, fixé librement.
On peut décliner la formation du prix en plusieurs phases :
Le prix d’achat : prix auquel le fournisseur ou le producteur vend son produit au distributeur ou à un autre vendeur. Ce prix est exprimé hors taxes.
Le coût d’achat : correspond au prix d’achat auquel on ajoute les frais d’achat. Ce sont les frais engagés par le distributeur pour aller acheter les produits au fournisseur. Pour obtenir les frais d’achat unitaires, il suffit de diviser les frais d’achat par le nombre de produits achetés au fabricant.
Le coût de revient : représente le coût total supporté par le distributeur. Pour l’obtenir, il faut ajouter au coût d’achat les frais de distribution. Ce sont les frais liés à la publicité, les frais de livraisons les frais de commissions des vendeurs, etc. Comme pour les frais d’achat, pour obtenir les frais de distribution unitaires, il faut le diviser par le nombre de produits concernés.
Notez que la notion de coût de revient est fondamental dans la composition du prix et pour la rentabilité de l’entreprise. C’est le seuil en dessous duquel il ne faut pas vendre son bien ou son service sous peine de ne pas rentrer dans ses frais.
Le prix de vente hors taxes : c’est le prix de vente proposé au consommateur final lorsque le distributeur y applique sa marge, sans les taxes collectées par les entreprises au nom de la puissance publique. Il correspond au coût de revient auquel on ajoute la marge nette du distributeur.
La notion de marge est également très importante dans la formation du prix, on peut la définir comme le taux de «rémunération» que l’entreprise se fixe en fonction de son prévisionnel de ventes. Il faut faire la distinction entre la marge brute et la marge net.
La marge brute représente la différence entre le coût d’achat pour le distributeur et le prix de vente hors taxes au consommateur final.
Marge brute = prix de vente hors taxes - coût d’achat = marge nette + frais de distribution
La marge nette représente ce que va réellement gagner le distributeur. Elle correspond à la différence entre le prix de vente hors taxes et l’ensemble des frais liés à la mise en vente du produit (le coût de re-vient). Elle est souvent exprimée en pourcentage du coût de revient, ou alors en unité de valeur par produit.
Marge nette = prix de vente hors taxes - coût de revient = marge brute - frais de distribution
Une fois tous ces éléments additionnés, mis bout à bout, il faut ajouter la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour les entreprises qui y sont assujetties.
Notez que toutes les entreprises ne facturent pas la TVA. Certaines sont en franchise base de TVA, c’est le cas par exemple de la micro-entreprise.
Par ailleurs, la TVA est une taxe qui est supporté par le seul consommateur final, ce n’est pas une charge pour l’entreprise.
Les facteurs endogènes et exogènes peuvent donc influencer la variation du prix d’un bien ou d’un service, par exemple une sécheresse, une inondation, un conflit etc… D’ailleurs tous les prix ne sont pas fixés librement au vu de l’intérêt général tels que le prix du litre d’essence ou de la bouteille de gaz en Guadeloupe. Cependant, il n’en demeure pas moins qu’au-delà des agrégats macro et micro économique, l’un des facteurs qui tend à pousser les prix à l’inflation est la tendance à la recherche maximale de profit portée par l’ensemble de la chaîne de production ce qui a pour effet d’entraîner un cercle vicieux entre provoquant des crises conjoncturelles répétitives 3. A quand une règlementation sur le taux de marge appliquée, notamment pour les biens et services essentielles d’intérêt général ?
1. Source : Les prix à la consommation augmentent de 1,1 % en décembre et de 4,7 % sur les treize derniers mois. - Insee Flash Guadeloupe - 179
2. Economiste Américain associé à l’école néo-libérale de Chicago, connu pour avoir développé la «théorie du capital humain». Mais également controversé sur son analyse sociologique de l’économie dans les décisions toutes rationnelles des individus.
3. Voir Paul Krugman – Pourquoi les crises reviennent toujours