79e anniversaire de l’Appel au peuple 30 avril 1944 - 30 avril 2023

Ouvriers, paysans, intellectuels de la Guadeloupe, la Section guadeloupéenne du Parti Communiste Français est constituée. Elle adresse son salut fraternel à la Section martiniquaise du Parti. Forte déjà de plus de 5 000 adhérents, et avec laquelle elle se tiendra en liaison constante. Au vaillant Parti Communiste de France qui, derrière le Général de Gaulle, exige impérieusement que tous les Français unis suivent la seule politique que les circonstances imposent et que résume si bien la formule de Clémenceau : «la guerre rien que la guerre, toute la guerre».
Un Parti qui seul peut réaliser l’alliance sincère et définitive entre le peuple français et les peuples soviétiques : garantie future des destinées de la partie française.
Au Parti Communiste Russe, qui a démontré au monde que des races et des peuples fort différents pouvaient n’avoir qu’une seule âme et qu’un même mot d’ordre, et a su organiser l’Armée rouge dont les victoires libéreront les peuples asservis en Europe et assureront le triomphe du Socialisme sur le Fascisme et le Capitalisme.
En tant que Communistes, notre politique générale vise à remplacer le système capitaliste par la conception socialiste de l’économie.
A la production anarchique des marchandises, nous voulons substituer la production contrôlée, conforme au plan d’Etat et visant à la satisfaction des besoins des masses populaires sans tenir exclusivement compte de leur pouvoir d’achat.
L’économie socialiste planifiée a résolu deux problèmes fondamentaux en face desquels le capitalisme s’est avéré impuissant : le chômage et l’écoulement des marchandises. Aussi, n’a t’elle pas à recourir à la conquête violente des débouchés et des matières premières.
Nous, Communistes, affirmons que le Capitalisme doit être renversé par la violence révolutionnaire. Ceux qui font croire aux travailleurs qu’ils pourraient, sous l’actuel régime économique, trouver autre chose que misère et exploitation, sont des mystificateurs qu’il convient de dénoncer.
Nous sommes les ennemis irréductibles des opportunistes réformistes qui prétendent réaliser le mieux-être social par la seule action parlementaire, sans briser les cadres du capitalisme. Mais, nous sommes réalistes ! Notre combat d’aujourd’hui, dans le cadre même de la légalité bourgeoise, et dans la mesure où notre action ne peut porter atteinte à la poursuite de la guerre sainte et libératrice tend vers quelques objectifs immédiatement accessibles :
1) Epurer la Guadeloupe de tous les Vichyssois non repentis, arrogants et vicieux, qui jouissent encore d’une impunité coupable. Nous les dénoncerons sans pitié, si hauts placés qu’ils soient.
2) Démasquer les politiciens opportunistes qui espèrent encore leurrer les Français avec leur parlementarisme corrompu, gardien des intérêts capitalistes et rempart légal des exploiteurs.
3) Combattre sans faiblesse les individus ou les groupements qui engendrent la misère aux Antilles et imposer à ceux-ci, comme à ceux-là, l’octroi aux ouvriers de salaires leur permettant des conditions de vie décente.
Bref, nous serons aux côtés des syndicats pour la défense de toutes les revendications des travailleurs et à l’avant-garde de tous les Républicains sincères pour une République propre.
Mais, notre action à l’égard des travailleurs ne se bornera pas à ces justes revendications. Nous nous efforcerons à être de véritables éducateurs de la classe ouvrière, c’est-à-dire, nous lui apprendrons à être aussi soucieuse d’accomplir ses devoirs que de faire valoir ses droits.
Nous saurons la rendre digne de la mission que l’Histoire lui confie : «Mener l’humanité à un stade supérieur de civilisation matérielle et spirituelle».
Il y a place dans ses rangs pour tous ceux qui veulent, sans arrière pensées. L’union active des exploités contre les exploiteurs. D’où qu’ils viennent, nous fraternisons avec tous les hommes de bonne foi qui épouseront notre idéal.
Nous sommes les défenseurs de la vérité et voulons d’un monde fondé sur la justice.
Nous proclamons l’égalité politique et juridique de l’homme et de la femme, et, quelles que soient la race, la religion, le droit de tous au travail, au repos, à la santé.
Nous sommes pour la médecine totale (hygiène collective, prophylaxie, prospection individuelle, gratuité des soins), pour la liberté absolue de conscience, pour l’accession de tous à l’instruction. Et, loin d’abrutir les masses populaires, notre Parti voudrait développer l’intelligence et la dignité qui sommeillent en elles.
Nous ne menaçons la sécurité matérielle, ni les biens d’aucun travailleur honnête. Nous n’en voulons qu’aux privilèges des parasites. Nous prêchons la violence contre le système et non contre des hommes.
Guadeloupéens, venez à nous ! Vous nous trouverez toujours à l’avant-garde du combat contre ceux qui vivent de l’exploitation de l’homme. Au milieu des ténèbres de l’agonie capitaliste nous vous apprendrons à voir clair et à espérer !
Pour le Parti : Rosan Girard (Dr en médecine) - Sabin Ducadosse (métallurgiste) - Hégésippe Ibéné (avocat) - Raphaël Félix-Henri (ébéniste)
Le 30 avril 1944