Wish : une série 100% antillaise projetée en Guadeloupe

Le réalisateur guadeloupéen Julien Dalle présentera lors de onze projections, au grand public, les deux premiers épisodes de sa série intitulée Wish. Une initiative qui s’intègre dans un projet fédérateur autour des talents artistiques de l’archipel et en faveur de la promotion de la culture antillaise.

Votre projet Wish a suscité beaucoup de curiosité ces derniers mois. Aujourd’hui, le public va enfin pouvoir découvrir le fruit de votre travail et d’un certain nombre de collaborateurs. Comment vous sentez-vous ? Julien Dalle : Très impatient ! Il est vrai que ce projet a amené un certain engouement dans l’univers artistique et audiovisuel à une période où nous avions réellement besoin d’être solidaires. En effet, à l’issue de mon long-métrage Secret de famille, en 2019, j’ai eu la chance de croiser de nombreux artistes de la Caraïbe qui me soumettaient l’idée de développer un projet cinématographique autour de la musique. C’est également l’une de mes passions et l’idée a fait son bout de chemin. Or, la crise sanitaire a quelque peu freiné son développement. En fin d’année 2022, je me suis dit qu’il était temps de reprendre les choses en main et j’ai ainsi repris l’écriture, avec Dimitri Zandronis, de cette série de fiction centrée sur l’industrie musicale ! J’ai alors contacté quelques amis, comme Harry Diboula, Firmine Richard, Franky Vincent, Luc Saint-Eloi, Thierry Cham, Méthi’S, Laurence Joseph et bien d‘autres

. Au total, une trentaine, et tous étaient séduits pour m’accompagner dans cette folle aventure ! Au départ, toutes les conditions financières ou logistiques n’étaient pas toutes bien établies, mais il nous semblait, à tous, nécessaire de se retrouver autour d’un projet fédérateur et intergénérationnel… Faire fi de l’état de violence extrême dans lequel était tombé la Guadeloupe et redonner du sens à nos métiers et à nos créations. Après avoir réalisé des long-métrages, pourquoi opter, cette fois-ci, pour le format série ? Il est vrai que le cinéma a pris une part très importante dans ma vie depuis mon premier long-métrage en 2005 «les Konxs» puis «Retour au pays» en 2008, et j’aime ce format car il me permet de m’exprimer largement. Mais, ici, j’avais besoin d’un terrain d’expression encore plus grand. Car, pour moi, la musique n’a pas de limite. J’avais en tête le format série (10 épisodes) car il me permet de prendre le temps de raconter une multitude d’histoires. Wish reste une série de fiction mais nous avons une telle richesse dans la musique antillaise qu’il était difficile de me limiter à un certain genre. A travers Wish, j’avais envie qu’on se replonge dans l’histoire de notre patrimoine et de toutes ses couleurs et variétés. J’accorde beaucoup d’importance aux bandes son dans mes films et, pour Wish, cela devient un élément central. Je voulais remettre la lumière sur l’étendue de nos musiques, souvent dévalorisées, et pourtant reprises dans le monde entier et d’être un miroir sur notre société. Qu’attendez-vous de ces projections publiques ? Un tel événement est inédit ! Nous avons eu l’accord de nos deux diffuseurs, Canal + Antilles et France TV Outre-mer, de diffuser les deux premiers épisodes au public en avant-première (avant une diffusion sur les écrans en 2024). Ils ont joué le jeu car ils ont compris que cette série parle à tous les Guadelou-péens. Ces derniers sont dans l’attente de projets dédiés à l’archipel et j’espère qu’ils seront conquis. Je serais présent pour répondre à leurs questions et d’autres artistes viendront également rendre visite. De plus, une partie des fonds collectés sera reversée à la production de la série. Nous sommes toujours en recherche de financements pour réaliser la suite des tournages des huit épisodes qui sont en cours d’écriture. Par la suite, nous lancerons également une cagnotte participative. Bien sûr, nous pouvons compter sur le soutien des collectivités mais, pour avancer sereinement, les choses ont besoin d’être davantage structurées. Nous comptons sur les Guadeloupéens pour encourager ce projet à tous les niveaux. Nous voulons réellement faire de Wish une série 100% antillaise qui permettrait de créer de l’économie au niveau local et de faire monter tout le monde en compétence. Sans trop en dévoiler, pourriez-vous nous confier un petit aperçu de l’intrigue ? Oui ! Wish est une série autour d’une saga familiale ! A la suite du décès de son père, Edith doit gérer la maison de disques qu’il dirigeait. Elle découvre des dettes incalculables et doit jongler entre les attentes, ambitions et querelles des artistes que son père produisait. Elle va découvrir la complexité de l’univers de la musique et va devoir sauver l’entreprise familiale de la faillite. J’aime les intrigues familiales, com-me dans Secret de famille, car elles offrent la possibilité d’évoquer des thèmes universels. De plus, dans Wish, la musique va prendre une part non négligeable. Nous avons travaillé avec des compositeurs pour avoir des titres uniques. Wish pourrait être, à terme, un bel écrin du savoir-faire antillais. 11 projections du 28 avril au 8 mai au Cinéstar Les Abymes - 15€