Les loups aiment la brume

Il s’agit d’un proverbe turc qui dit que «Les loups aiment la brume et quand celle-ci se lève, elle laisse derrière elle et chez nous, bien des énigmes et des cadavres».
Ce qui signifie qu’une personne ou une organisation qui cherche une opportunité d’agir pour son propre bénéfice profite du temps troublé, grâce auquel personne ne peut l’empêcher d’accomplir sa tâche.
En ce mois de mai, en Guadeloupe, que nous vivons comme le temps de la vérité, de la résistance, de l’héroïsme de nos héros et de la naissance de notre peuple il n’y a guère de clarté sur la direction que veut prendre notre société.
Cela nous renvoie à ce que nous écrivions le 12 janvier 2023 : «En 2022, le brouillard politique s’est épaissi sur la Guadeloupe qui vogue comme un bateau sans gouvernail, au gré des flots. Les Guadeloupéens ont le sentiment qu’il n’y a aucune autorité guadeloupéenne, aucune force politique ou sociale pour prendre en charge leurs légitimes revendications et les défendre avec efficacité».
En ce mois de mai 2023, ou nous devrions mobiliser toutes nos ressources intellectuelles, humaines et nos expériences du temps passé pour renforcer la cohésion de notre peuple, nous baignons en plein dans le brouillard.
La concurrence dans l’organisation des manifestations mémorielles bat son plein. La recherche du leadership au niveau des organisations politiques et sociales qui s’affichent comme étant antisystème atteint un niveau vertigineux. Les élus politiques à la remorque de la politique gouvernementale cherchent à enfumer le peuple guadeloupéen, en semant la confusion avec une déclaration de Fort-de-France pour laquelle les Guadeloupéens n’ont jamais été consultés et la convocation d’une énième commission ministérielle qui est un nouveau «machin» de diversion du pouvoir français.
Les sacrifices qu’ont fait les pères de la nation guadeloupéenne pour nous permettre d’exister au monde, exigent en ce mois de mai de rassembler tous les Guadeloupéens autour d’un projet de développement économique social et culturel élaboré démocratiquement à la base par tous ceux qui font le pays et surtout de s’entendre sur une stratégie de luttes pour ouvrir les perspectives d’une négociation transparente avec le pouvoir français.
Toute autre position ne peut que servir les intérêts de l’Etat français qui organise l’oppression et l’exploitation du peuple guadeloupéen.