Quelles politiques agricoles pour la reconquête du marché des cultures vivrières ?

Changements climatiques, pollution des sols, accentuation de l’inégalité d’accès aux ressources naturelles, accroissement de l’urbanisation, la liste des phénomènes qui menacent la capacité à nourrir la population pèse dangereusement sur le territoire.

Le constat est là, mais les outils politiques capables d’anticiper et d’envisager les réponses sont très timorés. Manger un souci quotidien, bien manger est une exigence pour notre santé.
Parler d’agriculture, c’est aussi parler de territoire, cette dimension territoriale prend tout son sens dans le contexte de crise que nous traversons. Il est dès lors important de se poser la question de l’adaptation des politiques agricoles à notre territoire.
La dépendance alimentaire est une préoccupation collective comme l’illustre le dicton populaire «Notre jardin est sur le port».
LES FREINS À LA CONSOMMATION DES PRODUITS LOCAUX
Développer la production est une nécessité, faut-il encore que ces produits soient accessibles et consommés. Les consommateurs ne privilégient pas forcément les produits du terroir pour diverses raisons.
Des prix trop élevés, plus chers que la concurrence des pays voisins et des produits importés de l’Europe. Manque de compétitivité dû au coût de la main d’oeuvre en concurrence déloyale avec l’import (Caraïbe et Europe).
Manque de confiance dans la qualité des produits. Le problème de la pollution des sols et le manque de garanties sanitaires inquiète les consommateurs.
Des comportements alimentaires à éduquer. Le développement de la consommation des produits vivriers passe par la reconquête et la rééducation au goût.
La semaine du goût dans les établissements scolaires ne peut apporter des résultats probants que s’il y a un prolongement dans le giron familial (la diminution des repas style fast food). L’agro transformation doit prendre toute sa place en tant que métier dans la sphère de production.
Cependant, les consommateurs reconnaissent les qualités des produits du terroir et la nécessité d’en consommer. Pour reconquérir le marché, il faudra nécessairement tenir compte de leurs attentes.
LA QUESTION DE
LA COMMERCIALISATION
L’engouement des consommateurs pour la grande distribution s’est plus ou moins généralisé avec l’évolution du mode de vie. Les produits du terroir ne sont pas, d’une part mise en avant dans les grandes surfaces et d’autre part, achetés à des prix dérisoires aux producteurs locaux provocant de fait un désintérêt du consommateur et une réticence des producteurs a travailler avec la grande distribution.
UNE QUESTION ÉMINEMMENT POLITIQUE
La question de l’autonomie alimentaire est posée et par déclinaison du cadre institutionnel. L’autonomie alimentaire, peut-elle vraiment être atteinte sans une autonomie politique ? Le cadre actuel, permet-il un développement dans l’intérêt des Guadeloupéens ? Le débat est d’actualité depuis longtemps.
Dans tous les cas, la reconquête du marché intérieur ne peut pas faire l’économie d’une volonté politique locale forte. Au-delà du consensus sur la nécessité des besoins du marché local, la définition de cette politique et sa mise en oeuvre nécessite évidemment, la mobilisation de tous les acteurs de la société et singulièrement du monde agricole qui doit s’approprier de ce projet afin de poser les véritables bases du changement.