La réunification de l’Allemagne en 1990 n’a jamais signifié la fin de l’Histoire

Nous assistons depuis deux ans avec étonnement mais aussi avec une grande satisfaction, à l’éveil de conscience d’une partie de la jeunesse guadeloupéenne.

Le mouvement de résistance des personnels de santé et des «Grands frères» avec à leurs côtés, des syndicalistes et des avocats déterminés et compétents, a certainement été un choc salutaire, ce qui explique la prise de position publique d’une partie du peuple, décidée on le sent, à reconquérir le pays qui semblait nous échapper de plus en plus.
Ce à quoi on assiste à Port-Louis, à Deshaies, Petit-Canal, Bouillante, Sainte-Anne, n’est en fait que la continuation des luttes menées dans les années 50-60 par le Parti Communiste Guadeloupéen. Oui, «nous», témoins vivants de cette époque, nous affirmons que nul ne peut expliquer l’histoire contemporaine de notre pays, en ignorant le PCG.
Deshaies était cette commune tranquille à la tête de laquelle se trouvait le père Flémin Aladin, que nous qualifions comme un des plus grands tribuns que la Guadeloupe a porté en son sein, après Rosan Girard. Élu et réélu par le peuple, malgré la fraude électorale, la violence du pouvoir, Flémin Aladin portait déjà, à côté des ouvriers et intellectuels qui dirigeaient le PCG, les idées d’autonomie auxquelles le peuple portait une oreille attentive. Bravo donc aux Deshaisiens, qui aujourd’hui au côté du Collectif de défense mobile, de Kiaba et de Lascary, mesurent les dangers de l’apartheid qui les guette et qui organisent la résistance.
Bouillante, c’était cette commune dirigée par Guillod, à l’époque membre du PCG. Ce maire réunissait les jeunes enseignants de sa commune (souvent des femmes) et nous disaient en nous montrant le coeur dessiné du littoral de sa commune : «Petites, regardez comme notre pays est beau. Vous avez le devoir de le protéger». Ces paroles, nous les avons retenues car nous étions déjà pour la plupart, des patriotes parcourant cette jolie commune avec ses sources d’eau chaude, et son école de danse dirigée par Hilaire Francis, où nous allions apprendre à danser la biguine et le gwoka, afin d’occuper nos heures de loisirs du jeudi et de tuer le temps.
Bravo aux jeunes investisseurs du littoral décidés à ne pas se laisser faire, car la justice, si elle existe, doit être la même pour tous. Certes, il faut veiller à sauvegarder la biodiversité, mais il n’y a aucune comparaison avec ce qui se passe sur le littoral de Saint-François ou de Sainte-Anne.
Petit-Canal (une pensée particulière pour cette commune). Les agriculteurs qui luttent pour préserver les terres agricoles sont dans la ligne droite de ce qu’a voulu Maximilien Vrécord et plus tard Florent Mitel, décidés à faire de leur commune le «grenier végétal» du pays. Après des années de luttes électorales et de problèmes fonciers graves (exemple, l’affaire Danjoie) -Maxi-milien Vrécord, cet homme discret et efficace, nous l’avons vu sitôt élu, tracer des routes entre les champs de cannes gorgées d’eau en temps de pluie, afin de permettre aux enfants d’accéder aux écoles, et surtout, il avait compris l’urgence d’installer la cantine municipale, permettant ainsi aux élèves qui se nourrissaient de pain et de fromage, achetés aux comptoirs des boutiques du coin, d’accéder à la première des obligations vitales humaines : se nourrir.
Port-Louis où le PCG, qui avait porté à la tête de la commune un jeune de 27 ans, nous connaissions son histoire mouvementée, faite de résistance à la répression et de luttes pour la sauvegarde des usines, dont celle de Beauport.
Bravo à ces jeunes désireux d’être des acteurs de leur pays dans le domaine touristique. Nous devons les soutenir comme nous l’avons fait pour les dits «suspendus».
Nous ne reviendrons pas, car nous en avons déjà parlé dans les colon-nes des Nouvelles-Etincelles, des avancées culturelles de Pointe-à-Pitre, dans les années 50-60 et aussi des prises de positions d’Euvremont Gène, d’Hégé-sippe Ibéné concernant la décolonisation du pays.
À Capesterre Belle-Eau, le PCG vient de rendre hommage à Paul Lacavé. Le peuple guadeloupéen aura bien compris ce que c’est, que d’être un «leader politique». Oui, tous ces dirigeants et les autres que nous ne pouvons nommer (la liste serait trop longue et nous nous en excusons), ils étaient formés politiquement, car ils parcouraient le monde lors des congrès marxistes de Moscou, au Chili, de Cuba, au Vietnam etc. et «nous», sympathisants et militants, nous les suivions car nous savions à l’époque, que le chemin qu’ils nous proposaient de suivre, était le plus raisonnable qui fut.
Le colonialisme cynique français et son allié de la zone : les USA et sa doctrine «Monroe», étaient prêts à tout pour contrer notre libération nationale. Infiltrer les partis nationaux et se débarrasser des opposants étaient leurs méthodes. Cela dure encore. Alors, oui, rien ne nous a fait dévier. Il ne s’agissait pas de sauvegarder des mairies à tout prix, parfois avec des alliances douteuses.
La réunification de l’Allemagne en octobre 1990 n’a jamais signifié la fin de l’Histoire encore moins celle de la lutte des classes. Le temps et les événements ne nous donnent-ils pas raison ?