Décoloniser l’Education pour agir sur l’avenir
Au début quand le baccalauréat fut créé, c''était un diplôme réservé à une minorité, un «Certificat de bourgeoisie» destiné à sélectionner ceux qui devaient constituer l''oligarchie française, ceux qui devaient gouverner.
De démocratisation programmée en réformes administratives successives, la barrière à franchir fut abaissée jusqu''à faire de cet examen une promotion dévaluée autorisant même certains à dire que «pour rater le bac, il faut vraiment faire des efforts».
Malgré tout, le baccalauréat demeure un diplôme de référence qui ouvre les portes de l''université, un diplôme de base, une sorte d''équivalent de ce que fut le Certificat d''études primaires.
Chaque année, le rectorat communique pompeusement les résultats pour mettre en exergue et en application totale des directives européennes, l''augmentation du taux de réussite. Il paraîtrait même que bon nombre de pratiques «anba tab» sont utilisées pour garantir un taux de réussite convenable.
Se pose alors la problématique de la destinée des nouveaux bacheliers qui ne semble pas aussi radieuse que pourraient le laisser croire les analystes gardiens du système.
A commencer par les résultats à l''université qui sont, en fonction des filières, pour le moins inquiétants dès la première année sans parler des difficultés insurmontables qui se dressent sur le trajet de l''accès à l''emploi, de l''insertion sociale.
En vérité pour tenter de comprendre l''essentiel, il faut s''imprégner de cette logique dévastatrice qui porte le système néolibéral et qui soumet l''école dans sa globalité à une obligation d''urgence et de rentabilité reléguant l''élève, l''humain au second plan.
Dans notre pays, le coefficient colonial exacerbe la situation qui décrit une réalité où le décrochage scolaire, l''absentéisme et la montée de la violence en autres sont des éléments forts qui constituent les fondements du constat de l''échec de l''école, de l''échec du système scolaire appliqué ici.
En fait, l''école réussit à ceux qui sont adaptés à son système, au système qui la sous-tend et la soutient et il est dès lors clair, que les orientations conçues et définies loin de chez nous et les enseignements pratiqués ne se fondent aucunement sur nos réalités économiques, sociales et culturelles.
C''est un système qui influence la reproduction des inégalités sociales et participe pleinement du renforcement des méthodes de déculturation, de déstructuration mentale, d''assimilation et d''intégration. Elle ne peut donc prétendre pouvoir donner aux petits guadeloupéens l''envie d''apprendre et d''entreprendre pour leur épanouissement.
Il faut donc décoloniser l''éducation pour agir sur l''avenir. Nous souhaitons malgré tout bonne chance et beaucoup de réussite à ces quelques plus de six mille candidats qui constituent les forces vives et l''avenir de notre pays.