On fête la musique «An Gwada la vi awtis rèd !»

Comme partout en France, en Gwadloup osi, mimétisme oblige, on a fêté la musique le 21 juin. Dans les communes, des scènes se sont installées dans les restaurants, les bars, sur le parvis des édifices publics, dans les salles culturelles.
Les musiciens ont déployé tous leurs talents pour offrir, gratuitement, au public présent au rendez-vous, les meilleurs sons, les plus belles chansons, les rythmes endiablés ou envoutant qui font vibrer.
Cette fête, d’un jour, était belle ? Peut-être… Mais a-t-on pensé aux conditions dans lesquelles, les artistes qui nous font rêver, danser, nous éclater, oublier nos soucis le temps d’un «kolé séré», exercent leurs métiers ou vivent leur passion ?
Derrière la magie des images, des sons, des chorégraphies, des lumières que les musiciens, les artistes nous donnent à voir, il y a, et il ne faut jamais l’oublier, des vies, des carrières avec des succès mais aussi des difficultés et des échecs. An Gwada la vi awtis rèd !
Les changements intervenus dans les pratiques de consommation des gens avec le numérique, les réseaux sociaux font que les musiciens vendent de moins en moins de disques et d’albums. En tout cas, pas suffisamment pour vivre de leur travail d’artistes.
Pour s’en sortir, ils doivent pouvoir s’exprimer de plus en plus en concert live. Mais là aussi, ils se trouvent face à plusieurs obstacles :
- L’étroitesse du marché pour une profession qui compte environ 1300 auteurs déclarés à la SACEM, l’organisme qui gère leurs droits.
- Un nombre limité de producteurs et de salles de spectacles.
- La difficulté pour obtenir le statut d’intermittent du spectacle. En France, donc en Guadeloupe, il faut 43 cachets sur une période de 12 mois, ce qui ouvre des droits à une indemnisation auprès de Pôle emploi. Ce quota est difficile à atteindre en Guadeloupe.
Après la crise sanitaire qui a frappé aussi, très durement, le monde du spectacle, il est grand temps pour les décideurs qui ont en charge la politique culturelle et artistique d’élaborer avec tous les acteurs du secteur, un véritable plan de développement et de structuration des métiers des arts, de la danse, de la musique avec des normes adaptées à la situation de la Guadeloupe.
C’est la condition sine qua non pour ouvrir la voie à une véritable professionnalisation des artistes et pour mettre en place les structures indispensables pour l’exercice de leur métier.