Se placer dans le sens de la perspective historique

Nous avons souvent fait l’effort d’acter que nos élus, même quand les élections sont généralement tronquées par un important taux d’abstention, restent des représentants issus «du suffrage universel».

En pays colonisé, la manipulation sociale sévit de telle sorte que l’on n’a plus besoin d’avoir recours à la fraude électorale et au gangstérisme politique de jadis. Le populisme des uns, la roublardise et l’opportunisme des autres, conviennent à un corps électoral largement ancré dans le conservatisme d’une trop grande partie de notre peuple. Toute celle-là, consumériste assistée et dépendante de l’aide sociale qui continue de voter pour ceux qui représentent à leurs yeux la pérennité du système et de cette aide «providentielle».
Pourtant, parmi cet aréopage d’élus, puisque nous ne généralisons pas, il existe quelques-uns qui nous ont paru disposer de qualités ou de compétences pour contribuer à réellement sortir notre peuple dans le profond marasme dans lequel il se meut.
L’absence chez eux du sens de la perspective historique et cette propension, à verser dans la vassalité, les conduisent sans arrêt à tourner en rond. Ainsi, à l’occasion de leur récent congrès, ils jouent un très mauvais film dont on peut penser que le scénario vient de Paris. Et les voilà à travers un décor apparemment unanimiste prenant complètement les choses à l’envers… Au lieu d’admettre que le statut départemental, qui pérennise le fait colonial, constitue un frein pour tout développement possible du pays, ils persistent à le perpétuer.
Ignorant l’expérience des Assem-blées territoriales de la Guyane et de la Martinique, qui, ont vite montré leurs limites et donc leur inefficacité, ils brandissent 153 propositions avec la préconisation qu’une Collectivité unique (l’unification de l’Assemblée départementale et de la Région) serait un cadre valable et suffirait pour avancer vraiment. Quelle déché-ance de la pensée politique !
Or, l’équation est simple. Il s’agit d’abord d’accepter de condamner définitivement le statut départemental comme entrave au progrès réel de notre peuple. Puis de le changer en le remplaçant par un statut de responsabilité véritable, assurant la mise en place d’un réel pouvoir politique guadeloupéen garantissant la gestion des affaires guadeloupéennes par les fils et les filles de ce pays.
Evidemment, il s’agira bien sûr de définir clairement les prérogatives et attributions de cette institution, d’établir un programme d’action précis dans tous les domaines relevant des compétences de cette nouvelle entité.
Naturellement, nous le répétons, le choix de ce changement revient à notre peuple qui devra exercer son droit à l’autodétermination. Il devra choisir, à travers l’élection d’une Assemblée constituante ou instituante, les options affichées et défendues par des partis et organisations politiques du pays.
Celles connues, et qui devraient être répertoriées, sont le statut départemental, l’autonomie et l’indépendance.
Cette Assemblée sera uniquement chargée de proposer un projet de statut, lequel sera soumis, par voie référendaire, à notre peuple qui devra l’entériner ou le rejeter.