LIBRE OPINION : Du championnat cycliste de la Guadeloupe et de la représentation de notre pays à l’étranger…
Il y a quelques semaines, un coureur français, Axel Taillandier devenait champion cycliste de la Guadeloupe sur route et Benjamin Le Nid et Taïno Caillau faisaient partie d’une délégation de coureurs pour porter les couleurs de notre pays aux championnats de cyclisme de «l’Outre-mer français» en Nouvelle-Calédonie.
Nous nous sommes laissé dire que ces derniers étaient nés en Guadeloupe et que l’un avait même participé en petite catégorie à des compétitions chez nous. Nous ne connaissons pas la position de ces personnes sur cette question, si elles se sentent et se pensent Guadeloupéens, si elles s’affirment une identité guadeloupéenne qui ne soit pas de circonstance.
Nous voulons ici livrer notre opinion à ce sujet, dire franchement ce que nous pensons. Mais nous voulons affirmer d’entrée de jeu, que nous sommes pour les confrontations internationales, aussi bien dans notre pays qu’à l’étranger, dès lors qu’elles sont empreintes de respect, voire de fraternité, et enrichissantes pour nous.
Nous affirmons enfin que nous sommes loin de toutes considérations nationalistes étroites, et également que cette réflexion est totalement dépourvue de toute animosité contre les personnes concernées que nous ne connaissons d’ailleurs pas.
Par contre, en tant qu’ancien cadre de la discipline, qui considère l’absence de l’esprit patriotique dans notre cyclisme comme une faiblesse, nous ne sommes pas d’accord avec l’idée que le champion de Guadeloupe ne soit pas un cycliste guadeloupéen ; ou avec celle que notre cyclisme se fasse représenter à l’extérieur par des ressortissants étrangers, même si de fait nous partageons la même carte d’identité française.
C’est vrai, le fait colonial permet à un Guadeloupéen, un Martiniquais, un Réunionnais ou autre ressortissant colonial, d’être champion de France. Mais clairement, il n’y a rien qui puisse justifier, quand il s’agit d’un championnat de Guadeloupe, que ce ne soit pas le meilleur Guadeloupéen (sur l’épreuve au moins) qui soit le champion du pays, de la nation Guadeloupe.
C’est vrai, en France, dans les disciplines où les compétiteurs étrangers n’influent pas sur les résultats, ils peuvent participer aux championnats, mais sans jamais être déclarés champions, même s’ils remportent l’épreuve. Le champion sera le premier Français…
En vérité, si nous sommes arrivés à cette situation, c’est que sur la trentaine de clubs qui globalement engagent régulièrement leurs coureurs dans les compétitions, à peine 2 ou 3 d’entre eux ont l’effectif suffisant pour prétendre former une équipe compétitive valable. Ainsi, depuis plus de trente ans, c’est le recours au renfort de cyclistes extra-muros qui viennent de France, d’Europe ou du continent sud-américain entre autres et à un moment ces derniers se sont retrouvés quasiment majoritaires dans le peloton cycliste guadeloupéen.
Au lieu d’un travail patient, conséquent dans les clubs, au lieu de chercher à construire une équipe de club à partir d’une réelle détection, à partir d’une véritable formation tout azimut, permettant à nos jeunes de maitriser leur pratique sportive et de progresser vraiment, on a opté pour la facilité. Et on a cru sincèrement peut-être que cette présence permanente de mercenaires dans le peloton guadeloupéen allait contribuer au progrès de notre cyclisme. Mais la réalité nous a depuis longtemps rattrapés. Et il est d’une clarté limpide que cela a été un leurre, que notre cyclisme, s’il ne régresse pas, piétine…
Et si pour certains de nos dirigeants de club, le constat de cette expérience, qui a duré plus de trois décennies, est jugé négatif, il existe encore quelques-uns d’entre eux qui, pour occuper le premier plan de la scène médiatique, ne sont pas prêts à réviser leur position. De sorte que, si nous observons une présence plus rare des Latino-américains dans le peloton cycliste de chez nous, il n’est pas sûr que la bataille soit gagnée ; pas certain du tout que l’on reprenne par le bon bout le développement de notre cyclisme.
Il semble d’ailleurs que la prochaine assemblée générale élective du Comité régional de cyclisme de la Guadeloupe puisse être le dénouement du véritable enjeu… Les soubresauts manifestés à l’occasion du Grand Prix du Conseil départemental annonçaient déjà la couleur.