Le numérique, un enjeu évident et urgent pour les entreprises

Du 5 au 9 juin se tenait la Semaine du numérique 2023 co-organisée par l''Union des entreprises (UDE) Medef de Guadeloupe. Un événement destiné à démocratiser la culture de l’économie digitale sur le territoire et à sensibiliser les entreprises et porteurs de projets à un nouveau monde tourné vers les technologies. Son président, Alix Bicep, fait le bilan de ces quelques jours de travail pour Nouvelles Étincelles.

Présentez-nous rapidement cette Semaine du numérique.
C’est la 2e édition pour ce rendez-vous que nous impulsons avec trois autres partenaires, l’agence caribéenne pour la cybersécurité (ACCYB), Guadeloupe Tech et l’association Guadeloupe innovation & technologie (@gitech). Nous étions ravis de nous rassembler autour d’un enjeu commun, celui de construire ensemble un territoire guadeloupéen répondant à l’innovation numérique. C’est un gros challenge pour nous tous que d’avancer vers une la mise en lumière des compétences numériques disponibles dans l’archipel et de créer des ponts entre ces acteurs modernes et les acteurs traditionnels entrepreneuriaux. Nous sommes conscients du manque d’acculturation professionnelle sur les enjeux que portent les métiers du numérique et il est difficile de faire éclore des projets de grande envergure dans ce domaine face à une méconnaissance du milieu. Aujourd’hui, l’UDE-Medef cherche à établir des ponts entre l’ancien monde, qui se déploie dans la planification, un cadre et des règles, et un nouveau monde beaucoup plus flexible, spontané et agile. Celui-ci sait répondre à des enjeux court-termistes et c’est ce dont nous avons besoin dans la société contemporaine. Cette Semaine du numérique avait pour objectif de créer un écosystème puissant autour d’acteurs de qualité qui ont les compétences pour nous orienter vers une transition digitale souple et efficace et devenir davantage maître de son avenir professionnel.
Quels ont été les points de réussite de cet événement ?
Nous aurions aimé drainer plus de personnes sur place mais notre but était aussi de relayer nos actions dans les médias, qui ont répondu présents. Il y a du travail à réaliser pour sensibiliser le public autour du digital et de son intérêt pour le développement économique de la Guadeloupe. L’UDE-Medef et ses partenaires agissent comme moteur pour sensibiliser au mieux tous les publics. Il est essentiel de présenter les initiatives des acteurs privés et publics, d''intégrer des lieux pivots (le Village by CA aux Abymes et Zebox à Baie-Mahault) et surtout rassembler jeunes, scolaires, porteurs de projets innovants, décideurs et grand public autour d’une même table.
Avez-vous la sensation que les choses bougent ?
Oui et heureusement, mais elles bougent très lentement... J’ai l’impression que le monde économique guadeloupéen ainsi que les institutions n’ont pas encore pris le train en marche de cette culture du digital qui est, pourtant, source de grande productivité. Nous ne pouvons plus nous en passer et il nous faut être prêt à l’intégrer à chacun de nos projets. C’est un univers qui reste encore compliqué à appréhender, je l’entends, tant dans les ressources de temps et les ressources financières et humaines qu’elle demande. Certes, les investissements semblent conséquents mais ils sont plus que nécessaires. Nous avons donc un rôle de communiquant à jouer et, à ce titre, nous nous devons d’organiser régulièrement des rencontres, des webinaires ou des ateliers, comme ceux-ci, à destination des chefs d’entreprises et des porteurs de projet, pour développer une confiance mutuelle avec nos interlocuteurs et véhiculer leurs paroles et leurs travaux. Formation, accompagnement à la création, aide aux financements, nous sommes aussi là pour créer des passerelles et des échanges significatifs entre les divers horizons. Les starts-up guadeloupéennes ont un potentiel colossal, elles sont hyper actives et elles méritent notre écoute. Aujourd’hui, notre territoire a besoin de cette dynamique pour élever des projets vers les sommets.
De quel type de projet parlez-vous ?
Les entreprises ont besoin de réponses factuelles et concrètes face à des nouvelles problématiques engendrées par le digital. Isolées, elles n’osent pas demander de l’aide. Or, il y a des acteurs sur le territoire qui possèdent les compétences qu’il leur manque. L’agence caribéenne pour la cyber sécurité intervient notamment sur la sécurité économique. Les entreprises doivent être prêtes à lutter contre ce phénomène. De plus, il nous faut nous également nous former à la facturation électronique. Elle sera obligatoire dès 2024. A nous de nous impliquer avec responsabilité.
Pensez-vous être soutenus par les politiques dans vos ambitions ?
On pense que le Medef est le grand manitou dans le milieu entrepreneurial et peut mener tous les combats sans aucune bataille. Or, c’est une légende… Nous avons une capacité à nous faire entendre mais elle reste mince. La situation en Guadeloupe reste, pour ma part, inquiétante. Nous manquons d’infrastructures dans tous les domaines, notre zone de chalandise reste faible, la lenteur de l’administration freine beaucoup de velléités et nous n’avons aucune politique adaptée à nos besoins insulaires… Tout cela mis bout-à-bout n’est pas très glamour. Je suis entrepreneur depuis de nombreuses années et je vois à quel point la nouvelle génération a du mal à faire entendre ses besoins. C’est dommage car il existe une communauté sérieuse et désireuse de développer des projets de belles envergures. Nous allons continuer à diffuser un message d’espoir pour notre territoire mais, nous le savons, il nous faudra plus de soutien à l’avenir…