Le vieillissement de la population guadeloupéenne, entre opportunités et menaces

En 2030, selon l’Insee, un tiers de la population guadeloupéenne serait âgée de 60 ans et plus. Entre 2007 et 2017, la Guadeloupe a perdu 9 400 habitants, soit une baisse annuelle moyenne de 0,2%.

La transition démographi-que s’opère avec un allongement de l’espérance de vie, une baisse du taux de fécondité et un déficit migratoire important. Le manque de débouchés pour une jeunesse particulièrement touchée par le chômage et les départs pour la poursuite des études en France sont les principaux facteurs qui alimentent actuellement ce déficit.
En 2020, les personnes âgées de 60 ans et plus représentaient 27% de la population guadeloupéenne. Les projections montrent que cette part s’accentuerait pour atteindre 36% en 2030. Les Guadeloupéens âgés de 60 à 74 ans représenteraient alors 22% de la population totale et ceux de 75 ans et plus 14%. Entre 2020 et 2030, le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus progresserait de 28% pour atteindre 132 000. La population des 75 ans et plus augmenterait encore plus rapidement (+49%). Cet accroissement de la part des personnes âgées de 60 ans et plus augmenterait le nombre de personnes dépendantes qui s’établirait à 28 000 en 2030, soit une augmentation de 35%. Entre 2020 et 2030, le nombre de seniors dépendants âgés de 60 à 74 ans augmenterait de 15% et s’établirait à 8 400. Le taux de dépendance pour cette catégorie de population serait de 10%. Au-delà de 75 ans, la hausse du nombre de personnes dépendantes est beaucoup plus marquée (+45%).
Pour répondre aux défis du vieillissement de la population dont la dépendance, il faudra apporter des modifications structurelles et opérationnelles. La part croissante des seniors dépendants nécessitera la création d’emplois dans les services à la personne. En Guadeloupe, la tradition de solidarité familiale et le coût des places dans les institutions d’hébergement se traduit par le maintien à domicile des personnes âgées dépendantes. Seules 5% d’entre elles vivent en institution.
En 2017, la Guadeloupe ne compte que 42 places d’hébergement et 39 lits médicalisés pour 1 000 personnes âgées de 75 ans et plus. En 2020, le nombre d’emplois, exprimé en équivalent temps plein (ETP), nécessaire à la prise en charge des personnes âgées dépendantes aussi bien en institution qu’à domicile s’élevait à 5 071. Selon les prévisions en 2030, 6 695 emplois (en nombre d’ETP) seraient ainsi nécessaires pour cette prise en charge. Parmi eux, les besoins en emplois pour le maintien à domicile s’élèveraient à 5 635 ETP et ceux dans les institutions, c’est-à-dire dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) ou en unités de soins de longue durée (USLD), à 1 060 ETP. Un défi majeur qui ne pourra être mis en oeuvre que si les offres de formations et de qualifications séduisent la population locale pour une orientation vers ces métiers, et si les établissements dédiés augmentent leurs capacités d’hébergements.
Le vieillissement de la population représente une menace pour le territoire car le nombre d’actif tendra à baisser, ce qui aura pour conséquence de diminuer le nombre de personnes en âge de travailler.
Cependant, cette situation peut être une opportunité si une politique de soutien au développement des activités vers les seniors est mis en oeuvre. C’est en ce sens que le pôle territorial de coopération économique portée par l’association «Les Amis du bien-vieillir» doit élaborer une stratégie pour favoriser l’émergence d’une sylver économie sur l’ensemble du territoire(1).
1. La Guadeloupe face au défi de la dépendance des seniors à l’horizon 2030 - Insee Analyses Guadeloupe - 49