Visite de Jean-François Carenco au pas de charge

Rarement un locataire de la rue Oudinot n’aura accompli autant de voyages en Guadeloupe que ceux réalisés par Jean-François Carenco, dans un même laps de temps. Que nous valent tous ces va et vient ministériels ?

On se rappelle, aux lendemains des dernières élections présidentielles, Emmanuel Macron avait essuyé un véritable désamour voire une sanction vis-à-vis des électeurs de tout l’Outre-Mer. Pour les observateurs politiques avertis, sa priorité serait de reconquérir ses territoires. En la circonstance la nomination de Jean-François Caren-co au poste de ministre délégué en charge de l’Outre-Mer auprès du ministre de l’Intérieur Gérald Dermanin, ancien préfet de la Guadeloupe s’imposait.
Après plus d’un an aux commandes, les dossiers cruciaux de la Guade-loupe n’ont pas réellement bougé, même si lors de chaque voyage il aborde toutes les questions.
Aujourd’hui, pour faire face au scandale de la pollution au chlordécone et aux «wélélé» que cela a créés dans la population, le ministre vient avec un plan intitulé : «Vivre sans risque de chlordécone et réparer par l’action».
Dans une stratégie de communication bien huilée, il pense impliquer davantage les maires et l’ARS pour que son opération de réparation par l’action soit la priorité absolue. Il prévoit d’une part quatre mesures nouvelles qui seront prises en charge par l’Etat pour :
1- Financer une aide aux éleveurs de bovins touchés par la pollution au chlordécone et les aider à sécuriser leur production.
2- Prendre en charge, de façon exceptionnelle et dérogatoire, le surcoût du traitement de l’eau potable engendré par la pollution au chlordécone, dans les sept stations où ce traitement est nécessaire (six en Guadeloupe et une en Martinique).
3- Simplifier et prolonger l’aide financière aux pêcheurs impactés par le chlordécone jusque fin 2027.
4- Doubler l’effort sur la recherche et l’innovation à horizon 2030, dans tous les domaines, notamment sur la santé des femmes et des enfants, la dépollution des sols et l’expérimentation en grandeur nature des découvertes des chercheurs.
D’autre part, il prévoit quatre autres mesures déjà engagées qui seront renforcées en priorité :
5- Prévenir et réduire l’exposition des femmes et des enfants au chlordécone grâce à une information renforcée et un suivi personnalisé.
6-Amplifier et faciliter le recours aux fonds d’indemnisation des victimes des pesticides.
7-Proposer l’analyse gratuite des oeufs dans le cadre du programme Jardins familiaux (JAFA).
8-Agir ensemble avec les élus et les acteurs du monde associatif. Porter collectivement des initiatives (pour aller vers) les personnes les plus vulnérables.
Le ministre annonce que la recherche avance bien plus vite qu’on ne le pensait et que d’autre part des moyens existent pour mener de front la bataille contre cette pollution. N’empêche que le danger du chlordécone demeure bien présent en dépit de ce plan et qu’il convient de garder une vigilance de tous les instants, jusqu’à son éradication définitive de notre sol, de nos eaux et de notre corps. Les ministres passent et les promesses n’engagent que ceux qui y croient.