Ma thèse en 180 secondes : Vanessa Hatchi remporte le prix du Public
Le concours «Ma thèse en 180 secondes», destiné aux doctorants, de France et des pays dits «d’Outre-mer», avait lieu à l''Opéra de Rennes, il y a peu. Deux représentantes de l''université des Antilles y participaient : Vanessa Hatchi et Sandra Roche. Grâce à son travail de vulgarisation et d’éloquence, Vanessa Hatchi, doctorante en psychologie cognitive, a décroché le prix du Public.
Quelles ont été vos motivations pour participer à un tel concours ?
Je m’y intéressais déjà depuis un petit moment. C’est un concours qui est très populaire en Guade-loupe. Cette année, j’ai eu envie de me lancer ce challenge et de voir comment je pouvais me débrouiller face à cet exercice inédit. Nous étions 16 candidats venus de l''Hexagone et de l''Outre-mer : (dont Sandra Roche, doctorante en chimie, également de l''Université des Antilles qui a pris part à la compétition en présentant sa thèse sur les algues sargasses). C’est une occasion unique de voir si l’on est capable de présenter sa thèse et tout son travail de fourmi dans un temps imparti, soit 3 minutes. Il nous faut être précis et concis dans nos mots et être convaincants également. Je m’étais donnée les moyens de prouver que je pouvais réussir cet exercice et je suis très heureuse d’être aller au bout.
Comment avez-vous préparé ce concours ? Comment vous êtes-vous sentie face à ce parterre d’inconnus ?
J’ai été largement soutenu par mon directeur de thèse et j’ai été super bien encadrée par un coach en développement personnel. J’ai pris confiance en moi en préparant mon texte à l’oral et j’ai eu beaucoup de plaisir le jour de la présentation. Il faut prendre cela comme un jeu et, ainsi, les choses sont beaucoup plus fluides. Je me suis surprise moi-même par ma capacité à dépasser mes peurs et à me mettre en danger. Ce concours m’a permis de me révéler. Remporter un prix était la cerise sur le gâteau, tellement j’ai pris de plaisir. Cette satisfaction d’une tâche accomplie qui vous tient autant à coeur; m’a boosté encore davantage à devenir maître de conférence, mais surtout à poursuivre, mes recherches, notamment en collaboration avec des cliniques. Ce concours m’ouvre la voie à de nouvelles opportunités professionnelles.
Parlez-nous de vos travaux
Ma thèse s''intitule «Influence du moment de la journée sur la capacité d’imagerie en climat tropical». C''est un travail qui me permet de voir un peu à quel moment de la journée, l''imagerie motrice (ou mentale) est la plus efficace. L''imagerie motrice, c''est le fait de s''imaginer réaliser une action, pour la réaliser réellement ensuite. Du coup, cela permet d''améliorer les performances, de faciliter la rééducation aussi. On parle aussi d’imagerie mentale, notamment lorsqu’on évoque les pensées positives. A l’issue de mes études en STAPS, j’ai voulu m’orienter vers la recherche, notamment autour des neurosciences. Puis, mon papa a été frappé par un grave accident vasculaire cérébral, et cela a bousculé mon projet professionnel. Nous avons été très présentes pour lui, à l’accompagner dans sa rééducation et dans ses moments les plus douloureux moralement. Cela a été le déclic pour réfléchir à la force de l’imagerie mentale dans le cadre d’un programme de rééducation. Aujourd’hui, je travaille avec trois types de public : les jeunes, les personnes âgées et les personnes victimes d’AVC. Depuis un an et demi, je me suis dédiée à établir des analyses autour de nos capacités, en fonction de la journée (ou de la température, de la fatigue, du climat, de l’heure) ; à être plus performant, dans nos actions. Savoir à quel degré le fait de pouvoir se projeter sur des projets positifs, pouvaient altérer nos résultats. Qu’il s’agisse de performance pour un athlète, de rééducation ou de dépression, je crois vivement en la puissance de nos forces mentales. Je me perfectionne, au fil de mes recherches dans le domaine neurologique, pour tenter d’étudier la stimulation de zones du cerveau endommagés, et notre capacité, uniquement mentale, à les «réparer».
Vous êtes complètement absorbée par votre discours. Cela aide-t-il à tenir le cap pour réaliser des ambitions si grandes ?
Oui je suis totalement animée par ce que je fais et je pense que le public l’a ressenti. Certains m’ont confié avoir eu des frissons lors de mon discours, car je ne peux pas dissimuler les émotions qui en découlent, lorsque j’évoque le chemin parcouru par mon père pour marcher et reprendre une vie quasi-normale. Cette expérience traumatisante m’a forgé une détermination à travailler d’arrache-pied et à développer de nouvelles connaissances qui permettront à des professeurs APA (Activité physique adaptée) d’utiliser l’imagerie mentale dans leurs exercices. Cela reste un sujet très subjectif j’en suis consciente mais je veux croire que parfois la psychologie dépasse la science.