Une fenêtre s’ouvre pour la constitution du Front anticolonialiste

La persévérance, la rectitude et le courage des Commu-nistes Guadeloupéens ont fini par imposer à la cons-cience des Guadeloupéens l’exigence d’un changement de statut de la Guadeloupe revendiquée depuis 1958, soit douze ans après le vote de la loi de départementalisation.
Malgré un chemin parsemé d’embûches, de boues, de dénigrements et de diabolisation, l’idée du droit des Guadeloupéens à prendre en charge la gestion des affaires de leur pays a brisé, pas à pas toutes les lignes de défense des forces du conservatisme, de l’oppression et du mépris.
Des groupements et partis politiques de différentes obédiences nationalistes, progressistes et démocratiques sont venus renforcer ce mouvement de libération et d’émancipation initié par les communistes.
Des postures idéologiques de façade, le copié-collé de stratégies révolutionnaires déconnectées du réel guadeloupéen tout cela macéré dans un anticommunisme viscéral ont semé division, confusion et obstrué la voie de la libération.
Dans ce combat contre nous-mêmes, nous avons perdu beaucoup de temps et laissé au bord du chemin un grand nombre de militants et de patriotes découragés par notre aveuglement.
Cela a été possible parce que les acteurs politiques n’ont pas voulu entendre cet appel lancé par le Congrès constitutif du Parti Com-muniste Guadeloupéen, le 30 mars 1958 à Capesterre Belle-Eau :
«Le congrès réclame un statut qui donne à la Guadeloupe :
- Une Assemblée locale élue, disposant d’un certain pouvoir législatif.
- Un exécutif guadeloupéen responsable devant cette assemblée.
L’Assemblée locale doit disposer du pouvoir :
- De réglementer dans le territoire des lois votées par le Parlement français.
- De voter des lois spéciales applicables au seul territoire.
Ce n’est, ni plus, ni moins que le statut d’Autonomie que le PCG s’est employé à conceptualiser politiquement, juridiquement, institutionnellement au cours de ces soixante-cinq dernières années. En affirmant courageusement en 1988, malgré toutes les menaces d’implosion qui enflaient en son sein, sa ligne stratégique : «Vers une indépendance à orientation socialiste selon les étapes choisies démocratiquement par le peuple guadeloupéen», le PCG renversait la perspective en dynamitant les antagonismes qui entravaient la constitution du front anticolonialiste préconisé par le Parti. Il était donc affirmé clairement que l’Autonomie et l’indépendance ne s’opposaient pas, si on s’inscrivait dans une stratégie de libération nationale par étapes, imposées par le processus de construction socio-historique de notre peuple et de notre nation.
C’est ce point nodal qui, après des années d’errements, de masko, de chemin kosyè, semble aujourd’hui faire consensus dans le camp anticolonialiste et patriotique.
Une nouvelle fenêtre s’ouvre donc, pour la construction de ce Front anticolonialiste indispensable pour gagner la bataille du changement de statut.