Après le XVIIe Congrès des élus que peuvent faire les Guadeloupéens pour le changement de statut ?

Avec la conférence-débat organisée le 7 juillet 2023 aux Abymes, le Parti Communiste Guadeloupéen (PCG), ouvre un cycle d’information en organisant des conférences thématiques avec des débats, des rencontres avec les acteurs de la vie économique, sociale, culturelle, institutionnelle. L’objectif étant de clarifier la question fondamentale du changement de statut et de mobiliser une large majorité de Guadeloupéens dans l’action, pour imposer ce changement.

C’est pourquoi pour bien montrer qu’il ne fait pas de cette question une affaire partisane, il a sollicité le Professeur Didier Destouches de l’université des Antilles pour exposer sa vision sur le sujet. De nombreux compatriotes engagés et non engagés ont participé à cette conférence ce qui a donné lieu à des échanges très riches qui ont ouvert des fenêtres pour faire avancer la revendication du statut qui bouillonne depuis des décennies dans le pays.
Dans ce présent numéro du journal nous présentons la première partie de la contribution du Secrétaire général du PCG, Félix Flemin.
L’INTERVENTION
DE FELIX FLEMIN
Le statut et les institutions
Le statut politique c’est un cadre juridique qui dote un territoire, au travers d’une entité politique, de la personnalité juridique et du pouvoir politique dans son champ de compétences, pour décider des politiques publiques qu''il estime nécessaire aux intérêts du peuple et au bénéfice du territoire. L''évolution institutionnelle est un aménagement des institutions à l''intérieur d''un cadre statutaire identique, autrement dit, sans création d’un pouvoir politique un pouvoir normatif à la collectivité.
Soyons clair, le statut de Départe-ment-Région, qui nous emprisonne dans le droit commun français et européen et dans le copier-coller institutionnel est le principal obstacle à tout projet de développement global et cohérent de notre pays.
Dès lors, la question du changement de statut qu''on cherche à évacuer est cependant la question préalable à résoudre pour ouvrir une perspective et un avenir à la Gua-deloupe et aux Guadeloupéens.
Le changement de statut exige de penser un cadre juridique, administratif, politique formant un ensemble cohérent qui nous sorte du droit commun et qui nous donne la possibilité de décider de ce que nous voulons pour nous même.
LE XVIIe CONGRÈS : UN FIASCO
Comme nous l’avons analysé dès la présentation du projet de la loi d’Orientation pour l’Outre-mer de 2000 (Loom) le congrès des élus a été mis en place par le gouvernement socialiste précisément pour empêcher toute évolution autonomiste des dernières colonies, pour donner au pouvoir colonial la maîtrise de tout éventuel changement et pour nous maintenir dans l’assimilation coloniale.
Ce XVIIe congrès, comme la quasi-totalité des précédents, n’a pas échappé à la règle, il a évacué la question fondamentale de notre emprisonnement dans le carcan du droit commun français et européen, qui est la cause principale de la crise structurelle qui démantèle notre pays. Les élus au congrès ne se sont pas hissés à la hauteur des enjeux du pays.
La résolution n° 2 qu’ils ont adoptée, prévoit de confier à la Commis-sion ad-hoc le soin de poursuivre les travaux conduisant à un projet d’organisation institutionnelle fusionnant la Région et le Département en une Collectivité unique.
Cette résolution est un recul, une désertion par rapport à celles des deux premiers congrès des 18 juin et 17 décembre 2001, qui ont acté la volonté de faire évoluer les statuts actuels de Région et de Dépar-tement en une nouvelle Collectivité de Guadeloupe disposant du pouvoir législatif et règlementaire dans ses domaines de compétences, citant notamment :
La politique de l’eau, la politique énergétique, les transports intérieurs et inter-îles, l’aménagement du territoire, la politique de l’environnement, la gestion du littoral, le patrimoine foncier et agricole, la fiscalité et un régime douanier adapté…
Je m’arrêterai là, quant au contenu des résolutions de ces deux premiers congrès qui 22 ans après demeurent toujours d’actualité et j’invite tout un chacun et singulièrement les élus, à se les réapproprier.
A suivre…